Les étapes clés d'un projet de revégétalisation :
Recourir à des végétaux sauvages et locaux

Dans un projet de restauration écologique – que celui-ci concerne une restauration d’habitat naturel, un projet d’aménagement paysager ou d’agroécologie –, lorsque toutes les techniques permettant une régénération naturelle des communautés végétales ont été étudiées, ou qu’un risque d’installation d’Espèces Exotiques Envahissantes existe, on peut être amené à avoir recours à des végétaux par le semis ou la plantation pour permettre ou accélérer le processus de rétablissement de l’écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit. Recourir à des plants et semences indigènes mais aussi d’origine locale est essentiel pour garantir la réussite d’une telle restauration grâce à leurs nombreux avantages écologiques.
Un peu de vocabulaire...

Avant d’aller plus loin, commençons par un petit point sémantique sur des termes qui peuvent être utilisés dans ces pages. Restauration écologique, restauration des écosystèmes, renaturation, (re-)végétalisation... Ces termes pullulent et il est parfois difficile de s’y retrouver.

La Restauration écologique est un processus qui assiste le rétablissement d’un écosystème ayant été dégradé, endommagé ou détruit (McDonald et al., 2004). Elle vise à ramener l'écosystème à l’état dans lequel il aurait été si la dégradation ne s'était pas produite, tout en tenant compte de changements anticipés. La restauration écologique peut être mise en œuvre dans les paysages urbains, agricoles, industriels, naturels et semi-naturels (Gann et al. 2019).
La Restauration des écosystèmes est quant à elle, une notion récente mise en avant par l’ONU dans le cadre de la Décennie des nations unies pour la restauration des écosystèmes (2021-2030). Elle consiste à favoriser la régénération des écosystèmes qui ont été dégradés ou détruits, ainsi que la conservation des écosystèmes encore intacts. Tous les types d’écosystèmes peuvent être restaurés, qu’il s’agisse de forêts, de terres agricoles, de villes, de zones humides ou d’océans.
Le terme renaturation est parfois aussi utilisé à la place de “restauration”, mais il n’est pas défini scientifiquement. Il signifie “redonner un caractère naturel” et peut s’appliquer à beaucoup d’autres choses, pas toujours intéressantes pour la biodiversité. Ce terme est donc à éviter !
La Revégétalisation (ou végétalisation) est également un terme générique qui n’a pas de définition scientifique précise. Il semble néanmoins correspondre au rétablissement d’un couvert végétal sur des terrains ouverts, par un processus de recolonisation naturelle ou par le moyen de semis ou de plantation de végétaux, la plupart du temps ce terme est utilisé sans tenir compte des espèces, de l’origine ou de la provenance des végétaux.

Nous utilisons ici le terme de végétalisation pour souligner l’action de végétaliser, sachant que l’objectif consiste ici à améliorer le choix et l’origine des végétaux.

Cette parenthèse sémantique faite, pourquoi et comment végétaliser ? Quelles espèces utiliser, pour répondre à quel objectif ? Sous quelle forme se procurer les végétaux (semences, godets, racines nues...) ? Quelle préparation du sol, quand planter/semer ? Si vous êtes convaincu par le bienfondé d’un recours à des espèces végétales sauvages et locales pour la restauration de la biodiversité, nombreuses sont alors les questions à se poser lorsqu’on s’apprête à recourir à des végétaux dans un projet de restauration écologique, dès la conception. Ces pages web visent à y répondre tout en vous rappelant les grandes étapes clés. Vous êtes prêt ? Alors suivez le guide...

Les étapes clés d'un projet de revégétalisation

Plusieurs étapes sont nécessaires pour concevoir un projet de restauration écologique impliquant une végétalisation. Une analyse approfondie du contexte et des objectifs permet de guider le choix des techniques les plus adaptées. Tout projet implique également de définir en amont l’approche restaurative et d’évaluer le besoin d’avoir recours à des végétaux ou de laisser la végétation pousser spontanément, de bien préparer le sol et de planifier l’entretien ou la gestion, et enfin, de définir la liste d’espèces, si toutefois le recours à des plantations ou à un ensemencement a été retenu.

01 Illustration de la première étape
01

Définir son projet et ses objectifs

Pour vous aider à situer et définir les contours de votre projet, voici une classification de projets par catégorie d’usages et d’objectifs associés (non exhaustifs). Plusieurs objectifs peuvent correspondre à votre projet, essayons alors, d’abord, de les identifier clairement.

Dans un contexte naturel, suite à une dégradation, il peut être nécessaire d’initier ou d’accélérer l’autoréparation d’un habitat naturel en respectant sa santé, son intégrité et sa gestion durable.

Objectifs recherchés

Ramener l'écosystème à l’état dans lequel il aurait été si la dégradation ne s'était pas produite, en prenant en compte les changements anticipés. Restaurer les fonctionnalités écologiques associées à l’habitat, améliorer la qualité du sol et des eaux, freiner la propagation des espèces exotiques envahissantes, restaurer les connectivités écologiques...

Exemples :

Restauration d’une ripisylve, restauration d’une pelouse sèche, restauration d’une forêt.

Dans un contexte agricole ou forestier avec un objectif de production, il est possible et parfois nécessaire de trouver des solutions de couvert végétal, herbacé ou ligneux.

Objectifs recherchés

Améliorer la qualité des sols, limiter l’érosion, accueillir la biodiversité et les auxiliaires de culture, gérer de manière globale une agriculture multifonctionnelle et durable, optimiser la production et minimiser les intrants, créer/renforcer des corridors écologiques...

Exemples :

Enherbement permanent, bandes fleuries favorables aux auxiliaires de culture, création ou restauration de haies champêtres.

Que ce soit dans un village, une ville ou autre espace artificialisé, il est possible de reconstruire des écosystèmes ou de retrouver certaines fonctionnalités écologiques à travers l’aménagement de certains espaces.

Objectifs recherchés

Améliorer la qualité des sols, limiter l’érosion, limiter l’installation d’espèces exotiques envahissantes, désimperméabiliser, améliorer l’accueil de la biodiversité, créer/renforcer des corridors écologiques, créer des îlots de fraîcheur, embellir le cadre de vie, favoriser l’intégration paysagère...

Exemples :

Mélange fleuri favorable aux pollinisateurs, massif paysager, végétalisation de voiries.

02

Analyser le contexte écologique du site

L’étude du contexte écologique du site vous permettra d’appliquer les bons choix par la suite, que ce soit pour l’approche restaurative, le mode de végétalisation ou les espèces à implanter. Il est utile de connaître les caractéristiques de votre sol et du climat (sans pour autant avoir nécessairement recours à une analyse en laboratoire, une visite attentive de votre site peut suffire). De même, des éléments de contexte sont nécessaires pour connaître les connectivités éventuelles ou anticiper tout élément qui pourrait impacter le milieu.

Illustration de la deuxième étape

Voici une proposition d’éléments à étudier :

  • pH Acide, neutre, basique
  • Texture du sol Sableux, limoneux, argileux
  • Présence de matière organique Litière, humus
  • Humidité Sec, médian, humide
  • Exposition du site Ensoleillé, ombragé
  • Degré d’inclinaison du terrain (%)
  • Végétation déjà présente ou autre occupation du sol
  • Surface à végétaliser
  • Localisation Commune où se situe le projet
  • Altitude ou étage de végétation
  • Description de l’environnement du site Construction, voiries, espaces naturels…
  • Type de gestion Intrants éventuellement utilisés
  • Autre Pollution du sol ? Présence d’animaux ?
02 Illustration de la deuxième étape
03

Approche restaurative : active ou passive ?

Approche restaurative : active ou passive ?

03

Pour les trois grands types de projets (aménagements paysagers écologiques, agroécologie ou restauration écologiques), il est nécessaire d’évaluer le potentiel de recolonisation naturelle (régénération spontanée) des espaces concernés par le projet de restauration (approche passive) ou s’il est nécessaire d’avoir recours à des plantations ou semis (approche active).

Les éléments présentés ci-contre peuvent vous aider à distinguer ces deux options :

Illustration approche restaurative

Si vous optez pour une approche passive : la suite des étapes ne s’applique pas. Cependant un travail du sol et un entretien ou une gestion particulière peuvent s’avérer nécessaire (voir étape 5).

Si l’approche active est retenue : la suite des étapes s’applique au projet.

États des lieux

Il y a beaucoup de sites naturels non dégradés au contact direct de mon projet et très peu d’artificialisation. Mon projet se situe en pleine campagne, loin des activités humaines, et loin des grands axes routiers. En savoir +
Les écosystèmes proches de mon projet sont dégradés*, et/ou des grands axes routiers sont proches. Il existe un risque d’installation d’Espèces Exotiques Envahissantes (EEE). En savoir +
Le risque d’installation d’EEE est faible ou inexistant, mais j’ai besoin d’améliorer ou de stabiliser rapidement le sol (risque érosion ou autre), de retrouver une fonctionnalité écologique, de créer ou restaurer un corridor écologique … En savoir +
Les écosystèmes proches de mon projet ne sont pas dégradés et les grands axes routiers sont éloignés du projet. Mais, j’ai besoin de voir rapidement les espaces végétalisés avec une flore diversifiée, pour améliorer les connectivités écologiques, accueillir les pollinisateurs… En savoir +

Définir les itinéraires techniques de la végétalisation active

04

Pour répondre à un projet végétalisation, il est possible d’avoir recours à des plantations ou à des semis. On peut aussi combiner les deux et intégrer la végétation spontanée. Pour les végétaux herbacées, les semences ont tendance à mieux s’installer et de manière durable, mais il peut être parfois judicieux d’avoir recours à des plantations de végétaux en godets pour un résultat plus rapide (dans le cas des aménagements de lieux publics, en zone pentue, etc.), pour regarnir un massif/prairie existante ou pour mieux cibler les espèces souhaitées.
Pour les arbres et arbustes, la plantation de godet/conteneur ou d’arbres en racines nues est la méthode la plus pratiquée et donne de bons résultats en contexte de haies champêtres. Le semis direct de graines d’arbres peut cependant être utilisé dans un contexte de restauration écologique de forêts.
Concernant les semis herbacés, il est possible de choisir entre un mélange de semences commerciales ou l’épandage d’un foin ou d’un mélange récolté localement. Le mélange de semences fourragères commerciales n’est pas compatible avec la marque Végétal local car il contient de nombreuses espèces sélectionnées (des espèces à certification obligatoire).

Cependant, il existe des mélanges 100% Végétal local qui ont été collectés directement en mélange dans une prairie naturelle et ont fait l’objet d’une démarche spécifique de commercialisation. Il existe aussi des mélanges 100% Végétal local ne comprenant aucune espèce fourragère à certification obligatoire et composés alors d’espèces sauvages et locales issues de différents types de milieux naturels (plus d’infos sur la règlementation des mélanges herbacés ici).
La transfert de foin vert ou de foin sec, la récolte de graines en mélange (à la brosseuse ou à la moissonneuse) sont des techniques qui ont fait leurs preuves, et montrent des résultats très satisfaisants. Ces graines peuvent soit être achetées auprès des bénéficiaires de la marque Végétal local (comme décrit précédemment), soit récoltées par des agriculteurs ou gestionnaires d’espaces naturels : voir les expériences conduites par les CBNMC et CBNA.

Semis

    1. Semis de graines de plantes herbacées issues de récolte en mélange (brossage, moisson, foin… de prairie naturelle)
    Avantages
    + Bonne implantation (si choix des prairies sources adapté)
    + Gestion globale de la zone (fauche…)
    + Peu d’entretien
    + Adapté aux surfaces importantes
    + Peu coûteux, auto-approvisionnement en graines possible
    Inconvénients
    - Réussite liée à la météo, aux conditions du sol, etc.
    - Résultat du recouvrement et emplacements des espèces difficiles à prévoir
    - Approvisionnement en graines aléatoire et dépendant des conditions de météo etc.
    2. Semis de graines de plantes herbacées issues d’un mélange Végétal local « sur mesure »
    Avantages
    + Bonne implantation (si choix d’espèces adaptées)
    + Gestion globale de la zone (fauche…)
    + Peu d’entretien
    + Adapté aux surfaces grandes et petites (type prairies, talus routiers ou type massifs paysagers)
    Inconvénients
    - Réussite liée à la météo, aux conditions du sol, etc.
    - Coût élevé mais dépendant des espèces choisies
    - Résultat du recouvrement et emplacements des espèces difficiles à prévoir
    3. Mixte : semis de graines d’herbacées issues de récoltes en mélange + mélanges Végétal local sur « mesure »
    Avantages
    + Idem + possibilité de jouer avec des espèces annuelles qui recouvrent rapidement et répondent aux enjeux spécifiques aux talus routiers, moins coûteux qu’un mélange exclusivement sur mesure
    Inconvénients
    - Réussite liée à la météo, aux conditions du sol, etc.
    - Coût élevé mais dépendant des espèces choisies
    - Résultat des recouvrements et emplacements des espèces difficiles à prévoir
    4. Mixte : semis de graines d’herbacées issues de récoltes en mélange + mélanges Végétal local sur « mesure » + espèces commerciales agronomiques annuelles
    Avantages
    + Bonne implantation (si choix d’espèces adaptées)
    + Gestion globale de la zone (fauche…)
    + Peu d’entretien
    + Adapté aux surfaces grandes et petites (type prairies, talus routiers ou type massifs paysagers)
    Inconvénients
    - Réussite liée à la météo, aux conditions du sol, etc.
    - Coût élevé mais dépendant des espèces choisies
    - Résultat du recouvrement et emplacements des espèces difficiles à prévoir

Plantations

    Plantation d’herbacées (vivaces en godets)
    Avantages
    + Résultat rapide
    + Choix des espèces sur les quantités et les emplacements
    + Adapté aux massifs paysagers
    Inconvénients
    - Besoin de plus d’entretien (désherbage, arrosage au début)
    - Concurrence difficile (passage du godet à la pleine terre)
    - Pas adapté pour des surfaces importantes type prairie (coûteux)
    Plantation de ligneux jeunes plants (0-1 ans)
    Avantages
    + Bonne reprise, adapté en contexte de haies
    Inconvénients
    - Prédation (abroutissement)
    - Faible visibilité dans les premiers âges (risque de piétinement ou de dégradation)
    Plantation de ligneux d’élevage (2-3 ans ou plus)
    Avantages
    + Forte visibilité des arbres (pas de dégradations), adapté au contexte de ville / village
    Inconvénients
    - Reprise plus difficile

Pour la technique de semis d’herbacées, le tableau suivant permet de comparer les techniques de récoltes en mélange entre-elles (en milieu montagnard) : 

Transfert de foin vert

Zones peu pentues, prairies de fauche et pelouses riches en graines

Très intéressant
Quantité et qualité du mélange de semences
Plus de 90% des semences disponibles sont récoltées sur prairie [rendement de 63 à 200 kg/ha]. Grande diversité de plantes récoltées (11 à 33 espèces). Apport d’un mulch et de micro-organismes sur le site receveur
Plus de 90% des semences disponibles sont récoltées sur prairie [rendement de 63 à 200 kg/ha]. Grande diversité de plantes récoltées (11 à 33 espèces). Apport d’un mulch et de micro-organismes sur le site receveur
Peu intéressant
Ressource fourragère
Réduction de la ressource fourragère l’année de fauche
Réduction de la ressource fourragère l’année de fauche
Moyennement intéressant
Facilité de récolte
Masse et volume de foin à faucher et collecter élevés
Masse et volume de foin à faucher et collecter élevés
Moyennement intéressant
Durée des travaux
Fauche, andainage, conditionnement [optionnel], chargement, transport et épandage du foin à réaliser sur 1 ou 2 jours pour éviter le pourrissement du foin et la chute de graines
Fauche, andainage, conditionnement [optionnel], chargement, transport et épandage du foin à réaliser sur 1 ou 2 jours pour éviter le pourrissement du foin et la chute de graines
Très intéressant
Coût/kg
Les travaux peuvent être réalisés avec du matériel agricole localement disponible. Temps de mise en œuvre très variable en fonction des techniques et du matériel utilisés
Les travaux peuvent être réalisés avec du matériel agricole localement disponible. Temps de mise en œuvre très variable en fonction des techniques et du matériel utilisés

Récolte des semences avec une brosseuse

Zones peu pentues, prairies maigres de fauche et pelouses riches en épis de graminées

Très intéressant
Qualité du matériel végétal
De 14 à 42 % des semences disponibles matures sont récoltées sur pelouses et prairies (rendements de 5 à 49,5 kg/ha). Diversité d’espèces obtenues assez élevée (11 à 28 espèces).
De 14 à 42 % des semences disponibles matures sont récoltées sur pelouses et prairies (rendements de 5 à 49,5 kg/ha). Diversité d’espèces obtenues assez élevée (11 à 28 espèces).
Intéressant
Ressource fourragère
Seules les graines matures sont récoltées. La qualité fourragère du foin après récolte est plus faible qu’en début d’épiaison et une partie de celui-ci est couché au sol.
Seules les graines matures sont récoltées. La qualité fourragère du foin après récolte est plus faible qu’en début d’épiaison et une partie de celui-ci est couché au sol.
Très intéressant
Facilité de récolte
Circulation possible sur terrains pentus avec un quad, adapter les réglages et la conduite au type de végétation.
Circulation possible sur terrains pentus avec un quad, adapter les réglages et la conduite au type de végétation.
Intéressant
Durée des travaux
Possibilité d’adapter la vitesse en fonction de la richesse en épis. Dépend de la densité et de la hauteur du couvert végétal (de 3 à 9 h/ha). Tamiser les semences pour des semis à hydroseeder ou au semoir et les laisser sécher sur une durée de 3 jours.
Possibilité d’adapter la vitesse en fonction de la richesse en épis. Dépend de la densité et de la hauteur du couvert végétal (de 3 à 9 h/ha). Tamiser les semences pour des semis à hydroseeder ou au semoir et les laisser sécher sur une durée de 3 jours.
Très intéressant
Coût/kg
Machine relativement peu coûteuse, légère et facile à déplacer. La récolte est assez rapide.
Machine relativement peu coûteuse, légère et facile à déplacer. La récolte est assez rapide.

Récolte des semences avec une moissonneuse-batteuse

Zones planes et très peu pentues, prairies de fauche étendues et facilement accessibles.

Très intéressant
Quantité et qualité du mélange de semences
De 14 à 42 % des semences disponibles matures sont récoltées sur pelouses et prairies (rendements de 5 à 49,5 kg/ha). Diversité d’espèces obtenues assez élevée (11 à 28 espèces).
De 14 à 42 % des semences disponibles matures sont récoltées sur pelouses et prairies (rendements de 5 à 49,5 kg/ha). Diversité d’espèces obtenues assez élevée (11 à 28 espèces).
Moyennement intéressant
Ressource fourragère
Seules les graines matures sont récoltées. La qualité fourragère du foin après récolte est plus faible qu’en début d’épiaison et une partie de celui-ci est couché au sol.
Seules les graines matures sont récoltées. La qualité fourragère du foin après récolte est plus faible qu’en début d’épiaison et une partie de celui-ci est couché au sol.
Très intéressant
Facilité de récolte
Circulation possible sur terrains pentus avec un quad, adapter les réglages et la conduite au type de végétation.
Circulation possible sur terrains pentus avec un quad, adapter les réglages et la conduite au type de végétation.
Intéressant
Durée des travaux
Possibilité d’adapter la vitesse en fonction de la richesse en épis. Dépend de la densité et de la hauteur du couvert végétal (de 3 à 9 h/ha). Tamiser les semences pour des semis à hydroseeder ou au semoir et les laisser sécher sur une durée de 3 jours.
Possibilité d’adapter la vitesse en fonction de la richesse en épis. Dépend de la densité et de la hauteur du couvert végétal (de 3 à 9 h/ha). Tamiser les semences pour des semis à hydroseeder ou au semoir et les laisser sécher sur une durée de 3 jours.
Moyennement intéressant
Coût/kg
Machine relativement peu coûteuse, légère et facile à déplacer. La récolte est assez rapide.
Machine relativement peu coûteuse, légère et facile à déplacer. La récolte est assez rapide.

* informations issues du guide « restauration écologique de prairies et de pelouses pyrénéennes »

05

Préparer le sol puis planifier et réaliser le semis, la plantation, l’entretien ou la gestion 

Que le projet concerne une restauration d’habitat, un projet agricole ou un aménagement paysager, la préparation du sol en amont est nécessaire pour limiter les adventices et favoriser les espèces semées/plantées ou les espèces spontanées visées par l’opération de restauration.

Préparation du sol

La préparation du sol en amont des plantations ou des semis s’anticipe et s’adapte à chaque projet et type de végétalisation. Les semis et plantation d’herbacées doivent être réalisés sur un sol nu, sur une terre meuble, ni trop riche (pour éviter les espèces rudérales compétitives), ni trop pauvre (c’est-à-dire des sols complétement stériles, de nature minérale). Une bonne connaissance du sol en amont est nécessaire (texture, structure, présence d’humus) pour adapter cette préparation. Il peut être judicieux de réaliser un ou plusieurs faux semis pour appauvrir la terre des adventices rudérales présentes dans la banque de graines du sol, surtout si celui-ci était artificialisé. Les plantations d’arbres et arbustes peuvent quant à elles être réalisées dans un sol enrichi. En contexte urbain ou rural, il est possible de rencontrer des anthroposols (sols formés ou fortement modifiés par les activités humaines, par l’ajout de matières organique, de rejets domestiques, l’irrigation ou la culture1) qu’il faudra modifier structurellement pour créer ou restaurer un habitat. 

Techniques d’amélioration du sol

Réussir un projet de massif paysager avec des herbacées vivaces sauvages et locales sans passer son temps à désherber est délicat, il existe des astuces pour préparer son sol qui consistent à l’appauvrir en décapant la couche superficielle riche en humus et en apportant un mélange minéral (rebut ou stérile de carrière, gravier concassé, sable ou terre de l’horizon B) auquel on ajoute du compost vert garanti stérile (voir le conseil des pépinières à ce sujet). On peut également réaliser, en amont des plantations, des faux-semis ou plusieurs désherbages pour appauvrir la terre et réduire les adventices. Le paillage, en complément de la préparation du sol, peut également être une solution pour limiter l’entretien dans le temps et maintenir l’humidité.
Amélioration des connaissances relatives aux espèces

Planifier le semis

Pour planifier le semis, il convient d’organiser les travaux pour le premier semis ait lieu entre fin août et début octobre, septembre étant la période optimale. Il faut à tout prix éviter les longues périodes de sol nu entre la fin de chantier et le semis (surtout la période printemps ou l’été). À défaut, si les travaux n’ont pas été terminés avant l’hiver, semer au printemps, le plus tôt possible, avant le début de l’été. Un semis de fin d’été/début automne, plusieurs semaines avant les premiers gels, permet aux plantules de germer et de se développer dans des conditions climatiques favorables. La croissance végétale en septembre et en octobre leur permet de mieux résister aux premières gelées d’automne. Les semences qui ont besoin d’une période d’humidité et de froid peuvent germer en début du printemps. Ces périodes sont à ajuster avec la météo, il convient de semer lorsque l’humidité revient et de s’abstenir en cas de forte sécheresse.

Densité et techniques de semis

Concernant la dose de semis, elle peut varier de 12 à 200 kg/ (1,2 à 20 g/m²), 45 kg/ha en moyenne, pour un mélange messicoles et de prairies naturelles (tout dépend des espèces et de leur poids de mille graines). Le mélange doit être homogène, le semis peut se faire à la volée ou à l’aide d’un épandeur à engrais ou à sel. Les graines peuvent alors être mélangées à du sable (ou du son) pour faciliter le semis et l’homogénéiser. Juste après le semis il est judicieux de prévoir de le rouler pour améliorer le contact sol-graine (ou de ratisser légèrement si la surface est petite).

Plantation des herbacées vivaces

Concernant les plantations, il est idéal de les prévoir en d’automne lorsque l’humidité est revenue, jusqu’au tout début printemps (avril à mai en fonction de l’altitude). Les plantes sauvages ne craignent pas le froid donc elles peuvent être plantées assez tard dans la saison, mais il est préférable d’éviter de planter dans un sol gelé. Les plantations d’automne des vivaces herbacées ont de meilleurs résultats que les plantations de printemps, car elles bénéficient des pluies hivernales facilitant l’enracinement. Les plants vivaces sont souvent vendus en godet de 9 x 9 cm, et les densités peuvent varier de 5 à 10 plants par m², en fonction des espèces et du résultat attendu.

Technique concernant les plantations

Pour les arbres et arbustes, la meilleure période de plantation de fin novembre à mars, lorsque les feuilles des jeunes plants baliveaux sont tombées. Les plantations de ligneux en racines nues sont préférables car la reprise est meilleure, mais ils peuvent aussi être plantés à partir de godets forestiers ou de conteneurs. Pour les haies champêtres, il est recommandé de planter 1 plant par m², de pailler pour limiter l’arrosage et de protéger les plants du gibier à l’aide de clôture ou de manchons. Pour des plantations d’arbres en alignement ou en forêt, on peut éloigner les plants de 8 m voire plus en fonction de la taille adulte (et de la taille du sujet planté).

Suivi post-plantation

Pour assurer la reprise des végétaux et limiter la concurrence avec la végétation adventive (rudérale), il convient de planifier un entretien ou un mode de gestion après les plantations ou les semis (ou après avoir laissé recoloniser naturellement la végétation). Cet entretien peut être plus ou moins léger en fonction du type de projet et des objectifs fixés en amont, et consister en une simple fauche avec export à du désherbage, jusqu’à ne rien faire du tout...
Semis plantes herbacées Plantation vivaces herbacées Plantation ligneux
Préparation du sol Sol nu, ameublir, « appauvrir » la terre si nécessaire (faux-semis) Préparation du sol Sol nu, ameublir, « appauvrir » la terre si nécessaire (faux-semis, décapage de la première couche du sol, apport d’un mélange minéral…), paillage optionnel (peu épais) Préparation du sol Sol nu, ameublir, apport de compost, pailler
Période optimale Fin août à début octobre (et février-mars - avril sous réserve de la météo) Période optimale Octobre à mars (avril) Période optimale Fin novembre à mars
Technique Petite surface : semis à la volée, mélangé à du son ou du sable, ou semis à l’aide d’un épandeur à engrais.
Grande surface : hydroseeder avec mulch cellulosique + fixateur + amendement (adapté pour les pentes > 60%)
Technique Plantation manuelle, au transplantoir Technique Plantation manuelle ou mécanique
Densité En fonction du poids des semences : 12 à 200 kg/ha (1,2 à 20 g/m²)
Indication pour mélange de type prairie mésophile :
Pente > 60% + déblais : 100 à 120 kg/ha
Remblais faible pente : 50 kg/ha
Densité 5 à 10 plants par m² Densité De 1 plant par m² (haie champêtre avec arbustes bas)
À 1 plant tous les 8 m² ou plus (en fonction de la taille des arbres adultes)
Entretien / gestion Rouler le semis.
Prévoir une fauche retardée (juillet) avec export
Entretien / gestion Prévoir un désherbage manuel dirigé.
Éventuellement, semer des annuelles pour améliorer le couvert la première année
Entretien / gestion Paillage, protection contre le gibier

Semis plantes herbacées

Préparation du sol Sol nu, ameublir, « appauvrir » la terre si nécessaire (faux-semis)
Période optimale Fin août à début octobre (et février-mars - avril sous réserve de la météo)
Technique Petite surface : semis à la volée, mélangé à du son ou du sable, ou semis à l’aide d’un épandeur à engrais.
Grande surface : hydroseeder avec mulch cellulosique + fixateur + amendement (adapté pour les pentes > 60%)
Densité En fonction du poids des semences : 12 à 200 kg/ha (1,2 à 20 g/m²)
Indication pour mélange de type prairie mésophile :
Pente > 60% + déblais : 100 à 120 kg/ha
Remblais faible pente : 50 kg/ha
Entretien / gestion Rouler le semis.
Prévoir une fauche retardée (juillet) avec export

Plantation vivaces herbacées

Préparation du sol Sol nu, ameublir, « appauvrir » la terre si nécessaire (faux-semis, décapage de la première couche du sol, apport d’un mélange minéral…), paillage optionnel (peu épais)
Période optimale Octobre à mars (avril)
Technique Plantation manuelle, au transplantoir
Densité 5 à 10 plants par m²
Entretien / gestion Prévoir un désherbage manuel dirigé.
Éventuellement, semer des annuelles pour améliorer le couvert la première année

Plantation ligneux

Préparation du sol Sol nu, ameublir, apport de compost, pailler
Période optimale Fin novembre à mars
Technique Plantation manuelle ou mécanique
Densité De 1 plant par m² (haie champêtre avec arbustes bas)
À 1 plant tous les 8 m² ou plus (en fonction de la taille des arbres adultes)
Entretien / gestion Paillage, protection contre le gibier

À ce stade, une première budgétisation et une évaluation du temps de travail pour la mise en œuvre et la gestion du projet peut être faite. En fonction de ce que vous avez choisi, il faudra peut-être revenir en arrière (étape 3) pour recalibrer le projet à la dimension des moyens matériels et humains dont vous disposez !

06 Définir la liste d’espèces

Le choix des espèces s’effectue en fonction des conditions écologiques du site à végétaliser. L’analyse des conditions écologiques du site en amont du projet est donc nécessaire pour choisir les espèces les plus appropriées au contexte (ensoleillement, pH, humidité, type de sol, altitude… voir étape 2) et aux objectifs fixés (étape 1).

Définir la liste d’espèces

Les palettes proposées ici par le CBN peuvent être affinées selon les conditions écologiques du site à végétaliser. Les plus importantes à retenir sont : le pH (acide, neutre ou basique), l’altitude (se référer au schéma ci-dessous pour vous situer) l’exposition et le gradient d’humidité du sol. Il existe quelques exceptions pour des espèces qui peuvent être utilisées en contexte d’aménagements paysagers et qui s’adaptent bien en dehors des conditions écologiques de leur milieu naturel.

Sur les pages web dédiées, le choix de la palette s’effectue d’abord selon l’objectif recherché. Par exemple, pour un aménagement paysager avec un objectif d’embellissement, d’accueil de la biodiversité, etc. on peut choisir la palette 5 (mélange fleuri) conçu pour des semis, ou la palette 6 (massif vivaces) conçue pour des plantations. Pour les semis, on peut faire varier la composition d’annuelles et de vivaces pour avoir un échelonnage des semis et un bon couvert dès la première année.

Une fois la palette chargée, il vous est ensuite possible de filtrer les conditions écologiques des espèces de cette liste à l’aide des filtres proposés en tête de colonnes du tableau (lumière, température, pH...).

Rendez-vous sur les pages consacrées aux palettes pour télécharger les listes et les infos associées à chaque palette.

Accéder aux palettes végétales

Pour aller plus loin : Comment organiser son projet, anticiper les commandes, inscrire la marque Végétal local dans un marché public ? Vous trouverez toutes les réponses dans le guide prescription.

07 Évaluation de la réussite du projet
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Analyser la réussite du projet

Évaluer la réussite d’un projet de restauration écologique est crucial, cette étape permet de s’assurer que les objectifs initialement fixés sont atteints. Il existe plusieurs protocoles pour assurer un suivi des sites restaurés qui sont corrélés aux objectifs initialement fixés et au contexte (restauration d’habitat, agroécologie, aménagement paysager). Ces suivis peuvent être plus ou moins complexes et sont très variables.

Dans le cadre d’un projet à l’échelle nationale concernant les suivis de restauration de milieux ouverts herbacés, les Conservatoires Botaniques Nationaux, des associations naturalistes et des scientifiques spécialistes ont travaillé sur une boîte à outils présentant un ensemble d’indicateurs de suivi standardisés à l’échelle nationale.

Évaluation de la réussite du projet

Elle vise à fournir des outils mobilisables sur le terrain par tous les acteurs selon leurs buts de restauration, compétences, moyens techniques, financiers et humains, et le temps dont ils disposent, quel que soit le relief et l’aire biogéographique.

Ce travail est encore à peaufiner et nous avons besoin de vos retours d’expérience !