Des semences prairiales locales pour préserver l'identité naturelle du plus grand terroir herbager d'Auvergne-Rhône-Alpes

Avec 95% de sa surface agricole utile (SAU) en herbe, le Cantal est le département régional qui affiche largement la plus forte part des surfaces en herbe. Élément majeur du paysage auvergnat et support d'une biodiversité exceptionnelle et d'une activité agricole prépondérante, les prairies sont ici l'objet de toutes les attentions. Ces dernières années, sur le territoire de la Planèze de Saint-Flour, de nombreux exploitants agricoles réfléchissent à une plus grande d’autonomie fourragère en valorisant la flore herbagère naturelle et en diminuant la part d'achats et l'introduction de semences étrangères au territoire. Outre son intérêt économique, cette recherche d'autonomie conduit les éleveurs à innover sur les plans techniques tout en s'intéressant aux enjeux de préservation de la biodiversité du territoire.

Les pratiques agricoles de fauche précoce, les impacts du changement climatique, les rotations culture/prairie, ou encore les dégâts occasionnés par les campagnols terrestres amènent souvent les agriculteurs à retourner ou sur-semer leurs prairies naturelles.

Si la plupart des sur-semis actuels sont réalisés avec des mélanges de semences issues de zones de production aux conditions pédoclimatiques très différentes de celles que l’on peut trouver localement, ces derniers participent également à l'appauvrissement de la diversité floristique et génétique des prairies naturelles du territoire. Rappelons que les paysages prairiaux du Massif central sont issus d'une très longue tradition pastorale ayant conduit à la sélection d'espèces floristiques et à des mélanges floristiques originaux, uniques en Europe.

Face à cet enjeu de conservation, dès 2013, le Conservatoire d'espaces naturels d'Auvergne a souhaité tester la production de semences prairiales locales, notamment en expérimentant diverses méthodes de récolte de semences sur des espaces prairiaux préservés et diversifiés. Les résultats encourageants ont incité, en 2017, Saint-Flour Communauté avec la contribution du CEN Auvergne, du CBN Massif Central, de l’INRAE, de l’EPLEFPA des Hautes Terres à Saint-Flour et de l’association Geyser, à développer les techniques de récolte et de semis de semences de prairies naturelles, mais aussi à mener des projets pédagogiques avec les élèves du lycée professionnel, améliorer les connaissances scientifiques sur les prairies et récolter les savoirs paysans autour de cette thématique.

Des semences prairiales locales dans le Cantal

Ce projet a notamment permis de tester et comparer trois méthodes de récoltes (moissonneuse batteuse, brosseuse à graines, transfert de foin) et de semis de semences locales ainsi que d’améliorer les connaissances sur le séchage, le tri et l’utilisation des semences. Afin de répondre à ces interrogations, des mesures expérimentales sont mises en place chez les agriculteurs partenaires du projet ainsi que sur les terrains du lycée agricole de Saint-Flour. Des mesures expérimentales de semis ont été mises en œuvre pour comparer semis/sur semis/transfert de foin.

Dans ce cadre, le CBN Massif central a réalisé les relevés botaniques des prairies sur lesquelles ont été prélevées les semences et sur celles receveuses afin d’avoir un suivi des parcelles récoltées et/ou sursemées par les agriculteurs. Le projet est poursuivi en 2020 et 2021. Les retours d'expériences sont synthétisés dans le guide téléchargeable ci-dessous.

Retours d'expériences
Les milieux agropastoraux, un enjeu pour le Massif central
(10 Mo)
Télécharger