Les forêts alluviales sont des écosystèmes essentiels, jouant un rôle crucial dans la régulation des crues, la purification de l'eau, la protection des berges et le maintien d'une biodiversité riche. En tant qu’agriculteur ou viticulteur, vous pouvez contribuer à leur préservation en adaptant certaines pratiques sur les parcelles situées à proximité du Rhône et ses affluents :
Je maintiens des bandes végétalisées en bord de cours d'eau : ces zones « tampons » exemptes d’épandage quelconque, d’au moins 5 m de large (parfois 10 m selon certains arrêtés), contribuent à filtrer les polluants, stabiliser le sol et les berges, et servir de refuge à la biodiversité (dont certains auxiliaires de culture). Les bandes enherbées situées entre les parcelles cultivées et les forêts alluviales ou les cours d’eau diminuent les risques de pollutions diffuses lors de l’application des produits phytosanitaires et des fertilisants, en limitant leur ruissellement vers les cours d’eau et les canaux et fossés. L’installation de bandes « boisées » est plus performante car elle assure une continuité avec la ripisylve à condition que les essences soient d’origine locale et sauvage, et adaptées aux zones humides.
J’adopte des pratiques d'irrigation plus économes (goutte-à-goutte, irrigation de précision, récupération des eaux pluviales) et je privilégie des cultures moins gourmandes en eau, surtout en période de sécheresse. Ces pratiques contribuent à diminuer la pression sur le milieu naturel particulièrement dépendant de la nappe de surface.
Je me forme et mets en œuvre des pratiques qui augmentent la perméabilité des sols (couverts végétaux, agroforesterie) de manière à contribuer à réalimenter les nappes phréatiques, atténuer les crues et faciliter la survie de la végétation sauvage en période de sécheresse (nappe de surface).
Tous les travaux scientifiques et agronomiques pointent l’importance des forêts alluviales, des boisements marécageux, des marais et autres prairies humides sur la gestion des ressources en eau. J’évite désormais tout drainage, défrichement ou remblaiement de ces milieux, qui « épongent » les eaux excédentaires en période de crues et filtrent efficacement les matières en suspension et certains polluants. La préservation des zones humides peut faire l’objet d’une compensation financière ou d’une acquisition foncière par un organisme en charge de la préservation de la biodiversité (Conservatoire d’espaces naturels, fondations, associations).
Je privilégie des méthodes alternatives (lutte intégrée, biocontrôle, agriculture biologique) pour limiter la contamination des eaux souterraines et superficielles qui alimentent les forêts alluviales. De très nombreuses espèces végétales (dont certaines orchidées forestières endémiques) sont sensibles à l’eutrophisation du sol et des eaux, et se trouvent menacées de disparition, aujourd’hui, par les excès de fertilisation. Je porte une attention à ma santé et à celle des autres tout comme à la biodiversité, en diminuant l’utilisation de produits phytosanitaires.
J’évite les travaux d’aménagement situés à proximité des grands cours d’eau : les espaces dénudés peuvent rapidement et facilement être conquis par des espèces exotiques envahissantes dont la gestion voire l’éradication peut s’avérer coûteuse et l’impact écologique relativement important. En cas de renaturation ou de revégétalisation d’un espace nu, je privilégie l’emploi de plantes sauvages et locales (semis de semences de prairies naturelles prélevées à proximité, bouturage de saules indigènes, etc.).
Pour les mêmes raisons que citées précédemment, je ne dépose pas de matériaux verts à proximité de la zone alluviale. Ces derniers peuvent participer à la dissémination d’espèces exotiques envahissantes (renouées du japon, robinier, asters, impatientes, etc.) voire certains pathogènes (champignons, virus). Le dépôt de sarments de vignes peut également contribuer à la dissémination de vignes de souches américaines altérant le patrimoine génétique de la vigne sauvage. Cette pratique peut ainsi participer à son remplacement (plus d’infos ici : Enjeux et menaces).
Qu’il s’agisse d’implanter des haies brise-vent ou des arbres dans les parcelles agricoles ou viticoles selon les techniques d’agroforesterie, il est préférable de privilégier des plantes sauvages et locales. La plantation d’arbre améliore la structure du sol, limite l'érosion, crée des microclimats favorables (réduction des pics de chaleur, limitation des risques sanitaires pour la vigne), et diversifie les habitats pour la faune auxiliaire. Ces arbres peuvent en effet servir de passerelle, entre deux parcelles forestières, pour le déplacement de certains animaux et participer ainsi à la continuité écologique.
En favorisant les couverts végétaux et le non-travail du sol, je protège le sol de l'érosion, j’augmente sa teneur en matière organique, j’améliore sa structure et sa capacité à retenir l'eau, et je favorise la vie microbienne. Les écosystèmes environnants s’en trouveront moins impactés par mes pratiques agricoles.
En adoptant ces pratiques, les agriculteurs et viticulteurs peuvent devenir des acteurs clés de la préservation des forêts alluviales, contribuant ainsi à la résilience de leur propre exploitation face aux défis climatiques et à la santé globale des écosystèmes.