Le terme « ripisylve » désigne la végétation naturellement présente le long des cours d’eau. Celle-ci est naturellement diversifiée à travers de nombreuses strates (herbacées, buissons, arbustes, arbres…) et assure un grand nombre de fonctions et de services écologiques d’importance, en particulier en faveur du fonctionnement de l’hydrosystème fluvial. Les ripisylves jouent, en effet, un rôle primordial de transition entre le milieu aquatique et terrestre et contribuent au maintien des berges face aux crues et autres phénomènes d’érosion. Leur végétation participe à réguler la température des eaux, diminuer la vitesse des écoulements en période d’inondation, et à filtrer les ruissellements de surface en piégeant certains éléments physiques ou chimiques polluants. Cette végétation constitue par ailleurs un lieu de refuge exceptionnel pour de très nombreuses espèces animales (Triplet, 2020). Quasiment disparues au XIXème siècle, elles occupent aujourd’hui d'importantes surfaces dans les plaines inondables de l’Allier et de la Loire, deux des derniers grands cours d’eau « sauvages » d’Europe. Ces végétations souvent forestières figurent parmi les plus menacées à l’échelle européenne. La plupart ont subi les conséquences de l'extension urbaine, du développement d'ouvrages hydroélectriques, de la pollution de l'eau ou encore de travaux de défrichement, de plantation ou de drainage. Le CBN consacre un plan national d’action dédié aux ripisylves et notamment à quelques orchidées forestières s’y trouvant.
La restauration des ripisylve nécessite de bénéficier d’une expertise poussée. Ces opérations de génie écologique en contexte naturel ou urbain peuvent effectivement nécessiter les compétences de l’OFB et des syndicats de bassin versants de votre territoire...
La gamme de végétaux proposée dans cette palette inclut en premier lieu des espèces ligneuses constituant les ripisylves, qu’il est conseillé de planter sous forme de jeunes plants, de préférence en racine nue, ou sous forme de boutures (cas des saules), mais aussi des espèces hélophytes herbacées (Plantes semi-aquatiques, dont l'appareil végétatif et reproducteur est totalement aérien et dont les racines ou rhizomes se développent dans la vase ou dans une terre gorgée d'eau), disponibles en godet ou en racines nues. Nous avons rassemblé ces deux catégories de végétaux en une seule liste qu’il est néanmoins possible de filtrer manuellement si besoin (voir dans le tableau à télécharger, colonne G). La liste distingue les ligneux des herbacées, car il s’agit souvent de producteurs différents pour ces deux gammes.
Nous précisons que cette gamme ne s’applique pas à la restauration de prairie humide, pour laquelle nous préconisons plutôt une restauration similaire à celle envisagée pour toutes les prairies naturelles (palette 2). Il s’agira alors de choisir une prairie source aux conditions écologiques similaires (donc une prairie humide) pour la récolte de semences. À noter que la récolte de semences sur des prairies très humides (par exemple des cariçaies ou jonchaies) peut s’avérer difficile (sol gorgé d’eau rendant le passage d’engins compliqué) une récolte sur une prairie à gradient d’humidité moins fort pourra alors être envisagée.
Pour restaurer des berges face à des phénomènes d’érosion, il est conseillé d’avoir recours premièrement à des solutions techniques de fixation du sol tels que des géotextiles biodégradables de type filet anti-érosion, tapis de berge... Et deuxièmement, à proximité immédiate de l’eau, de former un « peigne végétal » à l’aide d’amas de branches, pieux, boutures de saules, etc. voire des caissons ou des fascines … dans lesquelles les plantations peuvent être effectuées. Pour aller plus loin
La gamme des hélophytes herbacées comprend aussi des espèces destinées à un usage plus large par exemple : aménagement de plans d’eau, mares, fossés humides, noues… à vocation paysagère ou d’assainissement. Pour les noues paysagères, veiller à choisir des espèces à spectre d’humidité large (colonne X), car ces dernières sont parfois sèches et les végétaux hélophytes stricts ne supportent pas tous des assecs prolongés. Concernant les mares et les plans d’eau, en dehors des contextes où des espèces exotiques envahissantes peuvent rapidement s’installer, il n’est pas nécessaire de végétaliser car la végétation recolonise spontanément et rapidement le sol nu, dans la plupart des cas.