Les messicoles, témoins d'une longue histoire agricole

Messicoles, de quoi parle-t-on ?

Par définition, une messicole (du latin messis : « moissons » et colere : « habiter ») est une plante qui "habite dans les moissons". La plupart des messicoles sont originaires de milieux naturellement perturbés, fragiles ou éphémères, tels que les pelouses sèches rocailleuses ou les éboulis. Elles ont trouvé dans les cultures des milieux de substitution et des conditions de vie favorables, semblables à leurs milieux d'origine, notamment en raison du travail du sol qui maintient artificiellement le milieu ouvert.

Au fil des millénaires, ces plantes ont « adapté » leur cycle de vie sur celui des céréales d'hiver cultivées et, de façon moins fréquente, des cultures de printemps (lin, orge, féveroles...), en particulier dans les secteurs sédimentaires. Le Massif central et d'une manière générale la région méditerranéenne concentre l'essentiel de la diversité messicole française.

Peu concurrentielles et vivant désormais au rythme des plantes cultivées, les messicoles ne peuvent, pour la plupart d'entre elles, survivre ailleurs, hormis dans leurs milieux naturels d'origine, aujourd'hui menacés ou détruits. Les messicoles se distinguent des autres plantes sauvages adventices (Cirse des champs, Chénopode blanc, Gaillet gratteron, Amaranthe hybride...) par leur faible pouvoir de nuisance (elles sont peu concurrentielles pour les ressources) et leur incapacité à résister aux multiples pressions humaines, aux herbicides et aux fortes charges en azote. Bref, d'une manière générale, aux évolutions de l'agriculture. Elles sont le plus souvent des espèces annuelles à germination automnale. Par extension, on intègre parfois certaines vivaces (à stolons, rhizomes ou bulbes), liées aux vignes, vergers et cultures sarclées, et propagées par les pratiques agricoles.

Une plante qui « habite dans les moissons »

Des plantes témoins de l'histoire de l'agriculture

Des plantes témoins de l'histoire de l'agriculture

Les plantes messicoles sont originellement issues du continent européen mais aussi de contrées plus lointaines telles que le Moyen-Orient, l'Asie centrale ou la Méditerranée orientale où se sont développées les premières pratiques d'agriculture et d'élevage, il y a plusieurs dizaines de milliers d'années. Les messicoles y côtoyaient alors les ancêtres de nos plantes domestiquées qui vivaient à l'état sauvage : blé, orge et lentille.

Leurs semences, probablement mélangées à celles des céréales cultivées ou accrochées aux toisons des animaux domestiques, ont traversé les continents au fil du développement de l'agriculture... Certaines espèces, déjà présentes en Europe, ont poursuivi leur migration vers le Nord, au fur et à mesure de l'expansion agricole.

Aujourd'hui, les messicoles constituent un patrimoine vivant, témoin de l'histoire de l'humanité et de la contribution de l'agriculture au développement d'une partie de la biodiversité. Mais la modification de certaines pratiques agricoles (tri efficace des semences cultivées, labours profonds, herbicides...) a contribué à leur régression globale.