Des "passerelles naturelles" pour favoriser la mobilité de la biodiversité

Ces dernières décennies, force est de constater que l'artificialisation et la fragmentation croissantes des espaces naturels ou agricoles (voir indicateurs de Naturefrance) ont eu raison d'une grande part de la biodiversité française, y compris dans le Massif central.

De nombreux travaux scientifiques montrent que, si la qualité de l'habitat joue un rôle prépondérant pour expliquer la présence ou l'absence d'une espèce végétale dans un site donné, les possibilités de dispersion peuvent également constituer un facteur limitant pour la répartition de certaines espèces. Pour les plantes, la connectivité du paysage, définie comme la manière dont les éléments du paysage et leur organisation spatiale facilitent ou limitent la dispersion des graines et/ou des propagules végétatives, contribue à expliquer leur répartition.

En effet, faute d'être reliées entre-elles par des « continuités écologiques terrestres et aquatiques » (cours d'eau, haies, espaces herbacés ou forestiers...) en bon état de conservation, les populations d'espèces animales ou végétales n'arrivent plus à se déplacer et accomplir leur cycle de vie dans des conditions favorables (alimentation, reproduction, repos...), ni même à assurer un brassage génétique indispensable à leur survie sur le long terme. La préservation ou la restauration de ces "passerelles naturelles" est donc indispensable pour enrayer la perte de biodiversité. Ces "couloirs de dispersion" linéaires, discontinus ou paysagers sont appelés "trames".

Face à ce constat, l'État français s'est ainsi engagé, à travers sa politique « Trame verte et bleue (TVB) », à restaurer, maintenir et valoriser le fonctionnement écologique des espaces et des espèces. La TVB vise plus particulièrement à connecter les réservoirs de biodiversités (des espaces dans lesquels la biodiversité est la plus riche et la mieux conservée) par l'intermédiaire de trames que l'on peut distinguer selon qu'elles concernent le milieu aquatique, forestier, prairial, etc.

L'artificialisation et la fragmentation des espaces naturels ou agricoles ont eu raison d'une grande part de la biodiversité

Les limites du Massif central figurant sur la carte de l'occupation du sol en France présentée ci-dessous, illustrent nettement à quel point ce territoire semble épargné par la fragmentation des habitats. Les surfaces urbanisées restent circonscrites tandis que les trames forestière et prairiale semblent relativement denses et continues. Vu du ciel, le Massif central constitue presque un pont "à forte naturalité" entre les montagnes alpines et celles des Pyrénées. Mais ceci n'est qu'apparence, à y regarder de plus près, les trames écologiques du Massif central sont également concernées par les enjeux de préservation de la connectivité des espèces et des espaces.

Occupation du sol© CES OSO-THEIA – 2021 / CBN Massif central, juillet 2022 - Diffusion et reproduction interdites sans autorisation préalable