La lutte contre le dérèglement climatique remonte maintenant à plusieurs dizaines d'années (premier rapport du GIEC en 1990) sans améliorations notables depuis (World scientists warning to humanity : a second notice). Le dernier rapport du GIEC met en avant un manque de volonté et d'action, ainsi qu'une prise de conscience trop lente sur laquelle nous devons agir !
L'ampleur du phénomène peut vite décourager la moindre bonne attention. Si l'action des pouvoirs publics est cruciale et reste particulièrement attendue, la somme des actions individuelles l'est aussi et peut contribuer à inverser les tendances actuellement observées. Économie d'énergie domestique (chauffage, éclairage), déplacement à pied, à vélo ou en transport en commun, consommation responsable, diminution des déplacements, lutte contre le gaspillage alimentaire, réparation et recyclage des biens de consommation, réduction des déchets, usage modéré des ressources et outils numériques... nombreux sont les petits gestes du quotidien qui peuvent participer à atténuer l'ampleur du dérèglement climatique et ses effets délétères sur la faune et la flore des milieux subalpins. Vous ne savez pas par quoi commencer ? Ce test élaboré par l'ADEME vous aidera à mesurer votre empreinte sur le climat et mieux cibler vos priorités d'action !
Quels que soient les loisirs pratiqués, la fréquentation de zones de pleine nature n'est jamais sans impact sur la biodiversité. Prendre conscience de l'impact des aménagements réalisés pour permettre cette pratique, c'est déjà faire la moitié du chemin pour inviter les décideurs publics et les aménageurs à mieux prendre en compte la biodiversité. Rien n'est immuable et vous pouvez alerter votre club ou association de pratiquants ou encore les gestionnaires chargés des aménagements pour les inciter à engager des mesures d'atténuation des impacts (canalisation ou détournement de sentiers, limitation de la fréquentation, permis liés à la pratique, information des usagers...) voire de restauration écologique et notamment de végétalisation d'espaces dégradés. En outre, le respect de la réglementation et des territoires ouverts à ces pratiques de plein air vous incombe (voir ci-après).
Les chemins habituellement empruntés (rando, trail, vtt, moto...) constituent des zones définitivement condamnées pour les espèces fragiles. La surfréquentation de ceux-ci peut entraîner une multiplication des sentes, un piétinement plus important voire la destruction de nouvelles populations d'espèces rares tout en favorisant l'érosion des espaces jusqu'alors favorables aux espèces. Respecter les itinéraires proposés, c'est respecter la biodiversité des espaces agricoles et naturels parcourus, c'est aussi respecter les propriétés (parfois privées) mises à la disposition ces espaces aux usages, c'est enfin limiter les coûts d'opération de restauration écologique difficiles à mettre en œuvre (surtout en milieu montagnard).
Outre la pratique de sports divers, les parcours balisés permettent généralement de découvrir de nombreuses espèces différentes, et de mieux comprendre la fragilité et la rareté de la biodiversité de ces milieux. Aussi, s'il est tentant pour tout naturaliste de rechercher et d'observer quelconque espèce rare ou remarquable, savoir observer la biodiversité depuis les chemins autorisés contribue à limiter les effets du piétinement voire de création de nouvelles sentes.
Tout aménagement ou évènement envisagé en dehors des espaces et cheminements autorisés peut impacter la biodiversité locale, d'autant si celle-ci est rare. Contacter préalablement les gestionnaires et propriétaires des espaces parcourus permet le plus souvent d'établir ces aménagements de façon respectueuse et durable. Divers organismes proposent des guides pratiques pour inscrire les évènements envisagés dans une démarche éco-responsable mais attention, les problématiques liées à la biodiversité sont souvent oubliées : il est nécessaire de se rapprocher des Directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), des Conservatoires botaniques nationaux, des Conservatoires d'espaces naturels, ou encore des associations naturalistes locales pour vous aider à identifier les enjeux floristiques !
Les végétations herbacées d'altitude font souvent l'objet d'une exploitation agropastorale lorsque le relief le permet. Malgré les épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents, il est nécessaire de varier autant que possible les périodes de pâturage d'une année à l'autre et de ne pas augmenter leurs durées de manière à favoriser la fructification et la dissémination des espèces fourragères, qu'elles soient précoces ou tardives. En raison du dérèglement climatique attendu, il s'agit là d'un enjeu crucial pour conserver une flore suffisamment diversifiée et mieux faire face aux aléas climatiques dont la fréquence et l'importance risquent de croître les années à venir, mais aussi limiter les risques d'érosion engendrés par un surpâturage. Le CBN met à la disposition des éleveurs et techniciens agricoles, de nombreux outils (catalogues, typologies, méthodes de diagnostic...) informant sur les meilleurs moyens de valoriser les végétations agro-pastorales tout en tenant compte de leurs fragilités.
L'exploitation de certaines ressources végétales "sauvages" (hors pratiques agricoles, comme l'Arnica, la Gentiane jaune...) doit amener les professionnels à la plus grande prudence et responsabilité quant à la durabilité de celles-ci, dans un contexte où la flore subalpine fait l'objet de multiples menaces se cumulant les unes aux autres : la mise en œuvre d'un observatoire de la ressource et l'organisation des collectes, la limitation annuelle des volumes et espaces cueillis, préservation d'espaces non exploités, la labellisation des pratiques durables (à l'image de l'initiative de végétal local), la mise en place de plans de gestion sont quelques pistes à envisager... Il est également indispensable de se renseigner préalablement sur le statut des espèces et des espaces, d'identifier les confusions possibles, de manière à éviter toute récolte définitivement préjudiciable pour les espèces.
Qu'il s'agisse de confectionner un bouquet ou un herbier, il demeure difficile de préserver correctement des échantillons ramassés en pleine nature, ce qui rend la cueillette souvent décevante ! De même, la cueillette peut contribuer à la raréfaction ou à la disparition de certaines plantes déjà très rares (Lis de Saint-Bruno par exemple). Préférez alors la photo et le dessin ! Aujourd'hui, de nombreux outils numériques "tout en un" permettent à la fois de prendre des photos, de déterminer les espèces photographiées et de partager les données d'observations auprès de la communauté naturaliste et scientifique !
La flore sauvage bénéficie d'une protection règlementaire d'ordre national, régional ou départemental pour préserver certaines espèces en déclin de toutes atteintes ; d'autres font l'objet d'une règlementation liée à des espaces protégés (réserves naturelles...) ou à des pratiques particulières (cueillettes artisanales règlementées par arrêtés préfectoraux). Dans un objectif de cueillette (domestique ou artisanale) ou de pratique de loisir, il est conseillé de consulter les statuts des espèces rencontrés, soit en consultant les listes mises à disposition par les Conservatoires botaniques nationaux, soit en recherchant ceux-ci sur le site web de l'Inventaire national du patrimoine naturel - INPN. Au-delà des aspects règlementaires, il est également possible de connaître la rareté des espèces à travers les outils de partage de données ou encore le risque d'extinction de chaque plante en consultant les listes rouges nationales et régionales. Des outils numériques tels que plantnet permettent de faire le lien entre des identifications de terrain et ces listes. Toutefois, de nombreuses plantes sont devenues rares ou menacées d'extinction sans que celles-ci soient protégées pour autant : la plupart des listes d'espèces protégées ont été réalisées il y a plus de 30 ans ! Dans le doute, il convient donc d'impacter au moins possibles les espèces observées.