La cohabitation de longue date entre animaux et végétaux d’un même territoire et le jeu de la sélection naturelle ont conduit à une coévolution et notamment à une synchronisation de leurs cycles biologiques. C’est notamment le cas de certains insectes pollinisateurs dont la période de recherche de nourriture (pollen, nectar…) coïncide avec les périodes de floraison et de reproduction des plantes qui les alimentent. Très souvent, la forme, la taille, l’odeur ou encore la couleur des fleurs des plantes entomophiles sélectionnent les catégories d’insectes susceptibles d’exploiter les ressources alimentaires et d’assurer la pollinisation. On estime que 20 000 insectes se nourrissent de fleurs et assurent une pollinisation plus ou moins efficace, et par conséquent contribuent à la maturation des graines et fruits de celles-ci. Cependant, 40% des insectes sont aujourd’hui menacés au niveau mondial (Mouret, et al., 2022). La préservation de l’entomofaune et le maintien des milieux qui les abritent et les alimentent constituent un enjeu fort.
La fragmentation et la diminution des habitats sont deux phénomènes impactant les populations animales et végétales, en particulier dans les agrosystèmes. La baisse des rendements mais aussi la dégradation du sol et l’apparition de ravageurs sont causées par la diminution de la diversité biologique des habitats agricoles, elle-même causée par l’intensification de certaines pratiques. Un des leviers d’action pour enrayer cette érosion de la biodiversité en contexte agricole consiste à réintégrer la flore sauvage afin de favoriser l’entomofaune, notamment par la création de bandes fleuries d’espèces végétales sauvages et locales, en bordure de parcelle par exemple.
Ces mêmes bandes fleuries peuvent également être utilisées en contexte urbain, péri-urbain ou rural, en centre-bourg de village, où la restauration des continuités écologiques par la création de zones de biodiversité s’avère également nécessaire.
La palette végétale proposée ici regroupe à la fois des espèces à caractère ornemental, intéressantes pour leurs floraisons variées, colorées et favorables à l’entomofaune (alimentation, refuge, reproduction…). Elle propose des plantes nectarifères et pollinifères pour tenir compte des différents régimes alimentaires des insectes pollinisateurs.
Il s’agit d’un mélange de semences dont on peut définir la composition précise au niveau qualitatif et quantitatif (espèce et proportion). Ce sont des semences récoltées directement dans le milieu naturel, soit directement triées et ensachées, soit mises en production au préalable pour multiplier les quantités avant d’entrer dans la composition du mélange.
C’est un mélange idéal et alternatif aux « jachères fleuries » dont les mélanges de semences actuellement proposés à la vente sont encore généralement et malheureusement composés d’espèces exotiques ou de variétés horticoles obtenues par sélection : les structures florales modifiées de ces dernières rendent le nectar ou le pollen inaccessibles, voire n’en disposent d’aucun ou de mauvaise qualité énergétique, épuisant les pollinisateurs cherchant à s’alimenter. En savoir +
Cette gamme d’espèces est à semer entre les cultures, sur des parcelles entières ou seulement en bandes. En dehors d’un contexte agricole, ce mélange peut être utilisé dans le cadre d’aménagements paysagers en contexte urbain, péri-urbain ou rural. La plupart des espèces de cette gamme sont des plantes annuelles et messicoles (inféodées aux moissons). Il est donc préférable d’installer ces espèces par semis plutôt que par plants, à l’automne ou en fin d’été, lorsque le sol est encore réchauffé (en septembre). La terre doit être bien préparée en amont du semis, à savoir désherbée, ameublie et affinée en surface pour préparer le lit de semences. Une occultation pendant l'été avec une bâche peut être réalisée si la surface est trop enherbée. Pour les parcelles riches en adventices (chardon, rumex…), nous préconisons de réaliser un ou plusieurs « faux semis » afin de limiter la germination des adventices, avant de procéder au semis définitif du mélange. Le semis ne doit pas ou très peu être recouvert. Aucun apport de compost, fumier ou toute autre fertilisation aussi naturelle qu'elle soit ne doit être réalisé car ces espèces affectionnent les sols maigres. En savoir plus
Les nombreux conseils techniques de cet ouvrage peuvent être adaptés en contexte de plus faible altitude.