Ces dernières décennies, de nombreuses plantations de haies avec des essences exotiques, ou des essences issues de pépinières aux conditions climatiques très éloignées ont eu lieu. Celles-ci peinent souvent à s’installer dans nos paysages ruraux pour un rapport coût/bénéfice décevant. Les plantations d’essences sauvages et d’origine locale quant à elles se montrent plus adaptées dans la durée et répondent à de nombreux enjeux écologiques.
La restauration des ripisylve nécessite de bénéficier d’une expertise poussée. Ces opérations de génie écologique en contexte naturel ou urbain peuvent effectivement nécessiter les compétences de l’OFB et des syndicats de bassin versants de votre territoire...
Qu’elles soient d’origine naturelle (si les arbres et arbustes se sont installés spontanément), artificielle (lorsque les arbres ont été plantés), sinon mixte (haie plantée et spontanée), les haies jouent un rôle fondamental dans le déplacement des espèces forestières. Vus d'en haut, ces espaces dessinent un maillage boisé plus ou moins lâche en Auvergne-Rhône-Alpes (environ 40 m de haies par hectare), beaucoup plus dense sur la moitié nord du Limousin (environ 100 m de haies par hectare). Reliant les bois et les forêts de plus grandes surfaces, les haies forment un vaste réseau permettant aux espèces de passer d'un massif à l'autre, pour s'alimenter, se reproduire et s'abriter. Ces milieux bocagers constituent parfois les ultimes refuges pour certaines espèces dont les milieux d'origine ont été détruits. Plus généralement, sans bocage, les populations d'espèces animales et végétales se trouveraient isolées, fragmentées, avec le risque évident de subir un appauvrissement génétique sur le long terme sinon de disparaître.
Ces haies délimitent des zones plus ou moins vastes, orientent le champ de vision et mettent en relief la géographie locale. Dans la plupart des cas, elles sont entretenues plus ou moins régulièrement pour répondre à de nombreux besoins : délimitation de parcelle, ralentissement des vents dominants (brise-vent), refuge de la faune sauvage, stockage de carbone, corridor écologique, protection des cultures contre les aléas climatiques, ressource fourragère complémentaire, protection des sols de l’érosion et réduction des impacts environnementaux liés à la monoculture (appauvrissement des sols, développement de parasites et de maladies), ou encore fourniture de matériaux combustibles (plaquette, bois de chauffage, etc.)...
Vous trouverez ici une gamme de végétaux spécifiques aux haies champêtres disponibles en Végétal local Massif central, accompagnées et enrichies de certaines espèces non encore commercialisées sous la marque mais intéressantes pour la biodiversité. Suite à une concertation entre les aménageurs et les producteurs, nous avons ajouté quelques espèces non locales mais introduites avant le XVIème siècle (archéophytes), Ces espèces sont affichées en couleur dans le tableau, il s’agit du Châtaignier (Castanea sativa Mill., 1768) et du Noyer (Juglans regia L., 1753). Ces espèces archéophytes1 figurent dans la liste mais ne seront pas proposées en marque Végétal local, car introduites même s’il s’agit d’une introduction ancienne. Il s’agira pour ces espèces, de trouver des variétés de terroir peu sélectionnées.
La « gamme haie agricole » (colonne G) a été testée et approuvée par de nombreux utilisateurs. Il est néanmoins conseillé de filtrer cette liste selon les conditions écologiques rencontrées (colonne U à Z) en tenant compte, notamment de l’altitude, de l’acidité du sol et de l’humidité du sol. Une gamme encore expérimentale est également inclue dans cette liste : il s’agit d’espèces soit difficiles à produire ou à récolter, soit de croissance lente et parfois délicate. Ces espèces sont classées dans la colonne G avec l’intitulé « complément biodiv’+ ». Ces espèces sont jugées intéressantes dans un objectif d’accueil de la biodiversité. Elles peuvent cependant être plantées en nombre moins important que les espèces de la gamme haie agricole, et ajustées en fonction de l’objectif de la plantation.
En complément de cette liste et en contexte urbanisé ou en bordure de village, quelques espèces non locales mais sans impact négatif sur l’environnement peuvent être ajoutées à la composition. Il s’agit de fruitiers rustiques tels que le Cognassier sauvage (Cydonia oblonga Mill., 1768), l’Amandier cultivé (Prunus dulcis (Mill.) D.A.Webb, 1967) ou le Griottier sauvage (Prunus domestica L., 1753), ou de variétés anciennes d’essences fruitières régionales comme les pommiers ou poiriers dont la conservation est aujourd’hui en jeu. Dans la perspective de perpétuer ces variétés, il est possible de prendre conseil auprès du Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne ou de s’inspirer de la liste des variétés présentes dans les jardins du CBN Massif central. Ces dernières espèces ne figurent pas dans le tableau.
Les arbres et arbustes de marque Végétal local pour la création de haies champêtres s’achètent la plupart du temps en jeunes plants (âgés de moins de deux ans d’élevage en pépinière, en fonction des espèces), photo : fiche4_20211116_Formation ligneux4 et peuvent être commandés en racines nues ou en conteneurs. Les sujets commandés en racines nues doivent être plantés le plus vite possible après l’arrachage (donc dès la réception). Les sujets en conteneurs quant à eux autorisent une certaine souplesse car ils peuvent patienter avant d’être plantés (à condition de surveiller l’arrosage jusqu’à la plantation) et peuvent donc être commandés toute l’année. Il est toutefois reconnu que les reprises sont meilleures sur des sujets commandés en racines nues et issus d’une pépinière qui élève les plants « à la dure », sans trop d’arrosage ni de fertilisant.
Les plantations s’effectuent pendant l’hiver, lorsque les feuilles sont tombées et que les bourgeons n’ont pas encore débourrés.
Afin d’assurer une bonne reprise des plants en racines nues, il est primordial de ne jamais exposer les racines des arbres au soleil ou au vent. En effet, au-delà de quelques minutes, les radicelles seraient sérieusement endommagées. On peut donc les maintenir dans un sac humide pour les protéger. Si les conditions climatiques ne permettent pas de planter le jour d'achat des plants, une mise en jauge est nécessaire en attendant la plantation (dans une tranchée, en recouvrant les racines de terre).
Plantation :
Un paillage des plantations peut s’avérer judicieux, selon les contextes, pour maintenir l’humidité et limiter la concurrence avec les adventices. De même, une protection contre les herbivores peut s’avérer nécessaire pour préserver les jeunes plantations dans leurs premières années de développement.
Des conseils et un accompagnement personnalisé, que ce soit pour la plantation ou pour l’entretien, peuvent être fournis par différentes structures adhérentes au Réseau Haies France. Pour la partie Auvergne Rhône-Alpes, il s’agit de la Mission Haies Aura. Ailleurs, le CAUE de la Creuse, le Conservatoire des espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine, le Groupement des agriculteurs bio de la Creuse, la Ligue de protection des oiseaux ou Prom'Haies en Nouvelle-Aquitaine et le réseau Afahc Occitanie dont fait partie l'association COPAGE Lozère