Face à l’augmentation de l’artificialisation des sols, à la dégradation des espaces et habitats naturels, à l’augmentation de la pollution atmosphérique et des émissions de gaz à effet de serre ayant pour conséquence le dérèglement climatique et ses répercussions néfastes, la restauration des écosystèmes est un enjeu fort. Restaurer la nature en ville est un des moyens permettant de réduire les effets du changement climatique, notamment en luttant contre les îlots de chaleur. Reconstruire des écosystèmes là où la logique de l’urbanisation a repoussé la nature loin des villes devient un défi, qu’il est possible de relever en végétalisant les espaces disponibles en ville, quitte à désartificialiser et à imaginer des espaces où le végétal trouverait toute sa place. Végétaliser, oui, mais pas n’importe comment ni avec n’importe quoi ! De nombreuses palettes d’espèces horticoles pour les aménagements paysagers existent, mais il s’agit souvent de variétés sélectionnées (cultivars) à partir d’espèces indigènes ou exotiques. Les Espèces Exotiques Envahissantes ou les espèces exotiques dont on soupçonne le potentiel invasif, sont à proscrire et à prendre en compte localement. En contexte très urbain, éloigné des milieux naturels, les espèces horticoles peuvent convenir aux objectifs de végétalisation : elles sont parfois plus résistantes à ces conditions (pollutions, excès d’azote, etc.). Cependant, en contexte péri-urbain, en milieu rural ou en contexte urbain mais connecté à des milieux naturels, nous conseillons d’utiliser au maximum des espèces sauvages et locales dans les projets d’aménagement qui contribueront alors à restaurer des communautés végétales et animales en améliorant la connectivité des populations locales déjà présentes et en favorisant l’accueil de nouvelles populations.
Cette palette est composée d’espèces d’arbres et d’arbustes aptes à former des alignements, des haies champêtres ou des bosquets paysagers sauvages, en contexte urbain, péri-urbain ou rural (centre bourg de village par exemple).
Il s’agit d’arbres issus de pépinières d’élevage, c’est-à-dire des arbres élevés plusieurs années, du stade de baliveaux (2-3 ans), à des arbres parfois âgés de 10 ans ou plus pour obtenir des sujets suffisamment gros pour être implantés dans des contextes urbains. Les aménagements en contexte urbain ne permettent pas toujours de planter de jeunes plants en raison de la fréquentation piétonne, de la végétation déjà présente, de la circulation des voitures à proximité, etc. et impliquent de planter des végétaux déjà bien formés et visibles.
La gamme « Arbres Aménagements paysagers » (colonne G) est pressentie comme la plus simple d’utilisation, cependant, il convient de filtrer cette sélection selon les conditions écologiques du site (colonne U à Z) et notamment l’altitude, l’acidité du sol et l’humidité du sol. Cette liste inclut également une gamme encore expérimentale composée d’espèces favorables à la biodiversité mais plus délicates à produire et à planter car de croissance lente ou non encore testées dans ce type d’aménagement : elles sont classées colonne G avec l’intitulé « complément pour jardiniers avertis ». Ces espèces peuvent être plantées en nombre moins important que les espèces de la gamme Arbres Aménagements paysagers, selon l’objectif de la plantation.
REMARQUE : Lorsque les conditions le permettent, la même gamme de végétaux peut être utilisée avec des jeunes plants. Les jeunes plants présentent l’avantage d'une meilleure reprise racinaire et d'un développement plus rapide.
Le Châtaignier (Castanea sativa Mill., 1768) et le Noyer (Juglans regia L., 1753) sont des espèces archéophytes qui figurent dans la liste mais qui ne seront pas proposées en marque Végétal local, car introduites sur le territoire du Massif central, même s’il s’agit d’une introduction ancienne. Il s’agira pour ces espèces, de trouver des variétés de terroir peu sélectionnées.
En complément de cette liste et en contexte urbanisé ou en bordure de village, quelques espèces non locales mais sans impact négatif sur l’environnement peuvent être ajoutées à la composition. Il s’agit de fruitiers rustiques tels que le Cognassier sauvage (Cydonia oblonga Mill., 1768), l’Amandier cultivé (Prunus dulcis (Mill.) D.A.Webb, 1967) ou le Griottier sauvage (Prunus domestica L., 1753), ou de variétés anciennes d’essences fruitières régionales comme les pommiers ou poiriers dont la conservation est aujourd’hui en jeu. Dans la perspective de perpétuer ces variétés, il est possible de prendre conseil auprès du Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne ou de s’inspirer de la liste des variétés présentes dans les jardins du CBN Massif central. Ces espèces ne figurent pas dans le tableau.
Comme pour les jeunes plants destinés aux haies champêtres, les arbres et arbustes d’élevage de marque Végétal local et destinés à des aménagements paysagers peuvent se commander en conteneurs, en racines nues (jeunes plants) ou en mottes (sujets plus âgés). Les sujets commandés en racines nues doivent être plantés dès réception après l’arrachage. Les arbres en mottes (plutôt pour les gros sujets) doivent également être plantés rapidement. Les sujets en conteneurs autorisent une certaine souplesse car ils peuvent patienter avant d’être plantés (à condition de surveiller l’arrosage jusqu’à la plantation) et peuvent donc être commandés toute l’année. Les reprises sont meilleures sur des sujets commandés en racines nues (ou en mottes) et issus d’une pépinière qui élève les plants « à la dure », sans trop d’arrosage ni de fertilisant.
Les plantations doivent s’effectuer durant la période de repos végétatif, lorsque les feuilles sont tombées et que les bourgeons n’ont pas encore débourrés (automne-hiver). Une fosse adaptée au volume des racines est nécessaire (au moins deux fois la largeur de la motte) avec suffisamment de terre en profondeur. Apporter une fumure légère et une terre enrichie dans le volume de la fosse de plantation et former une cuvette d’arrosage après plantation. Apportez un arrosoir entier pour remplir la cuvette d’arrosage afin de « plomber le sol », éliminer les bulles d’air et assurer un bon colmatage autour des racines. Un paillage des plantations est judicieux pour maintenir l’humidité, favoriser l’infiltration des eaux de pluie au niveau racinaire et limiter la concurrence avec les adventices. Il peut être judicieux d’ajouter des protections aux arbres nouvellement plantés pour marquer davantage leur présence en ville ou limiter l’abroutissement par les herbivores, ou encore de les tuteurer les premières années pour éviter l’impact des intempéries.
REMARQUE : afin d’assurer une bonne reprise des plants en racines nues, il est primordial de ne jamais exposer les racines des arbres au soleil ou au vent. En effet, au-delà de quelques minutes, les radicelles seraient sérieusement endommagées. On peut donc les maintenir dans un sac humide pour les protéger. Il est possible de tailler les racines si elles sont trop longues (elles risquent de se retourner lors de la plantation et de pourrir ensuite). Il est également conseillé de praliner avant la plantation : c’est-à-dire de tremper les racines dans un mélange composé d'1/3 d'eau, d'1/3 de bouse de vache et d'1/3 de terre, afin de favoriser la reprise et la cicatrisation des racines.