Contrat Vert et Bleu Roannais

Partenaires
Cette page d'information a été réalisée par le Conservatoire botanique national du Massif central et a bénéficié d'un financement par l'Union européenne et la Région Auvergne Rhône-Alpes. L'Europe s'engage sur les Contrats verts et bleus avec le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER).
Action n°1

Friches

Souvent considérées comme des milieux à l'abandon et dépourvus d'intérêt, les friches ont pourtant un rôle écologique important. Dans le cadre du CVB Roannais, la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) a recensé les friches présentes sur le territoire. En 2020 et 2021, le Conservatoire botanique a prospecté 81 parcelles ; 30 d'entre elles présentaient des habitats reconnus d'intérêt communautaires (essentiellement des végétations de pelouse ou des aulnaies marécageuses) et 3 hébergeaient des espèces patrimoniales. Ces enjeux ont été ajoutés aux enjeux faunistiques pour lister les parcelles sur lesquelles le Conservatoire d'Espaces Naturels (CEN) mène actuellement une animation foncière afin de signer des conventions de gestion avec les propriétaires pour préserver ces milieux.
Ces actions contribuent à reconstituer et préserver, progressivement, une trame de milieux rudéraux participant à la trame verte.

Friches dans le territoire du Roannais
Paysages viticoles de la Côte Roannaise
Action n°2

Perméabilité des paysages viticoles de la Côte Roannaise

Les parcelles viticoles, comme les parcelles agricoles, sont généralement identifiées dans les cartes des trames écologiques comme des milieux défavorables, limitant les déplacements des espèces animales et végétales. Or, le vignoble de la Côte Roannais, dont 62 % des surfaces étaient cultivées en agriculture biologique en 2020, se caractérise par des pratiques viticoles moins intensives que dans d'autres régions. Ces pratiques permettent-elles aux plantes et aux papillons de jour de se déplacer dans les paysages viticoles très modifiés par l'homme ? Pour le savoir, le Conservatoire botanique et France Nature Environnement Loire ont inventorié 21 parcelles de vignes appartenant à huit exploitations différentes. Avec l'aide de la Chambre d'agriculture de la Loire, ils ont cherché à comprendre de quelle manière les espèces utilisaient les parcelles.

Leurs conclusions : si les plantes et les papillons rechignent à entrer dans les inter-rangs de vignes, travaillés pour limiter la concurrence entre les vignes et la flore spontanée, ils sont en revanche bien présents en bordure des parcelles, dans les bandes d'interface autour des vignes. Le maintien d'une fauche tardive sur ces bordures, associé à une absence de traitements chimiques conventionnels dans les parcelles, peut permettre à certaines espèces de plantes et de papillons de continuer à se déplacer au sein des paysages viticoles.
Ces pratiques contribueraient ainsi à la préservation de la connectivité écologique entre les espaces similaires.

Action n°3

Fonctionnalité de la trame de pelouses sèches

Les activités humaines (urbanisation, intensification des pratiques agricoles…) provoquent la destruction de nombreux milieux naturels, ce qui conduit d'une part à une quantité d'habitat réduite pour les espèces d'animaux et de plantes, mais aussi à des habitats restants plus isolés. C'est ce que l'on appelle la fragmentation des habitats. Or, de très nombreuses espèces vivantes doivent se déplacer pour survivre : des populations isolées dans un petit habitat voient leur diversité génétique diminuer, ce qui les rend plus fragile et augmente leur risque d'extinction. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, la majorité des plantes sont concernées au même titre que les animaux.

Les pelouses sèches, végétations qui se développent sur des sols secs et pauvres en éléments nutritifs, hébergent une faune et une flore spécifique, adaptées à ces conditions difficiles. Beaucoup d'entre elles ont disparu depuis les années 1950, et ces milieux sont particulièrement fragmentés ; dans la région Auvergne-Rhône-Alpes comme ailleurs, plusieurs sont menacées d'extinction.

Fonctionnalité de la trame de pelouses sèches

Alors, comment permettre aux espèces de continuer à se déplacer entre les zones d'habitat encore présentes ? Pour le savoir, il faut comprendre comment les espèces de ces pelouses se déplacent sur le territoire du CVB Roannais. C'est pourquoi les ordinateurs du CBNMC ont été mis à contribution pour modéliser la répartition de l'habitat favorable pour 24 espèces de pelouses sèches. Les cartes obtenues ont servi à construire des graphes paysagers, qui illustrent les connexions existantes ou absentes entre les parcelles de pelouse. Ces graphes ont permis de comprendre dans quels secteurs les espèces de pelouses peuvent se déplacer ou au contraire se retrouvent isolées.

Les plantes et les papillons de jour ont ensuite été échantillonnés dans 44 parcelles de pelouses. Ces données ont montré que le fait qu'une parcelle soit plus ou moins bien connectée modifie les espèces de plantes et de papillons que l'on y trouve. Elles ont également mis en avant le rôle majeur des gorges de la Loire aval, situées au sud de Roanne, pour permettre aux espèces pelousaires de se déplacer vers l'est, l'ouest et le sud du territoire.

Les résultats de cette étude pourront permettre de savoir quelles parcelles sont les plus importantes pour maintenir la connectivité de la trame pelousaire, qui seront des cibles privilégiées d'actions de préservation. A l'avenir, il sera également possible d'évaluer l'évolution des possibilités de dispersion de ces espèces sous l'effet des changements climatiques.