Des plans d'action en faveur d'espèces subalpines menacées d'extinction

Depuis plus de 20 ans, le Conservatoire botanique assure, avec la contribution de son réseau d’observateurs (plus de 400 participant.es), l’inventaire de la flore au sein de son territoire d’agrément. Grâce aux données ainsi acquises, le Conservatoire botanique a pu mettre en évidence à travers l'élaboration de "listes rouges", l’état de conservation et le risque d'extinction de 2655 plantes en Auvergne, en Rhône-Alpes et en Limousin, mais aussi à l'échelle nationale.

Plans Biogéographiques d’Action et de Conservation (PBAC)

Plus des trois quarts de la flore menacée n’est pas protégée réglementairement. Ce constat a mené le Conservatoire à réfléchir et engager des actions permettant d'assurer la pérennité des espèces les plus sensibles au travers de "plans de conservation". Entre 2015 et 2020, grâce à la contribution de l'Europe, de l'État, des régions Auvergne et Rhône-Alpes et du département de la Haute-Loire, il a ainsi engagé six Plans Biogéographiques d’Action et de Conservation (PBAC) dont deux en faveur d’espèces subalpines - Astrantia minor et Micranthes hieraciifolia. Ces PBAC prévoyaient notamment la réalisation d'un état des lieux des connaissances des espèces (bibliographie, mobilisation des données internes …) afin d’évaluer les enjeux et menaces ; l'établissement des actions d'amélioration des connaissances (inventaires complémentaires, études génétiques…), de conservation (précautions vis-à-vis de l’espèce, plan de sauvegarde, de renforcement, de conservation ex-situ...) et de sensibilisation des publics (médiation, animation...). Ils détaillent enfin les actions envisagées pour répondre aux objectifs fixés. La plupart de ces actions ont été poursuivies ces dernières années.

PBAC Astrantia minor

La petite Astrance (Astrantia minor) est une espèce commune dans les deux grands massifs montagneux français que sont les Alpes et les Pyrénées. Dans le Massif central, le massif du Puy Mary (Cantal) abrite, une petite population (réunissant deux micropopulations proches) de cette espèce. Si le Massif central présente donc, a priori, une faible responsabilité dans la sauvegarde de l’espèce en France, l’isolement de la population cantalienne par rapport aux Alpes et Pyrénées et ses faibles effectifs peuvent lui avoir permis de développer des caractéristiques génétiques propres. L’intérêt de l’espèce pour le Massif central serait alors très fort. Le plan biogéographique d’actions et de conservation a permis, en premier lieu, de connaître l’espèce à travers toutes ses composantes (systématique, phénologie, biologie, écologie, répartition…), d'étudier les conditions stationnelles des populations cantaliennes et d'identifier les menaces et enjeux. Un suivi annuel fin des populations a lieu chaque année afin d’évaluer l’état écologique de la population au regard du réchauffement climatique. Une étude génétique a été menée comparant les populations alpines aux populations du Massif central mettant en avant l’originalité de la population cantalienne par rapport aux populations des Alpes. Il est aujourd’hui envisagé de mettre en place une station météo sur site afin d’enregistrer les changements climatiques locaux au regard de la régression de population mise en évidence par les suivis.

PBAC Micranthes hieraciifolia

Le Saxifrage à feuilles d’épervière (Micranthes hieraciifolia) est une plante circumpolaire, connue au nord du cercle polaire et des Alpes autrichiennes. Elle n'est connue, en France, que des falaises nord du Puy Mary.

Protégée au niveau national, cette espèce est considérée en « danger critique d’extinction » (CR) en Auvergne même si elle ne semble plus récoltée (collection) aujourd’hui en raison de la difficulté d'accessibilité des stations. Comme pour la Petite Astrance, l'isolement géographique par rapport aux autres populations européennes, la faiblesse de ses effectifs et surtout le changement climatique la menacent. Depuis 2015, le Plan de conservation de cette espèce a permis de cartographier précisément l’espèce par descentes en rappel dans chaque falaise. Ces observations se sont étalées sur deux années afin d’avoir une vision globale de la population : au total, 222 individus ont pu être recensés. Par ailleurs, la phénologie ainsi que de nombreux paramètres descriptifs de l’espèce ont été étudiés à travers le suivi d’une unique station seulement visible à la longue vue ! En outre, des tests de germination ont été menés avec succès dans le cadre d’études sur la conservation ex-situ de l’espèce.

Pour en savoir plus : Plaquette et fiches de présentation des PBAC et des espèces associées