Les prairies naturelles constituent un enjeu socioéconomique et écologique majeur à l’échelle du Massif central. Intimement liées aux pratiques d’élevage, les végétations agro-pastorales de ce territoire abritent une biodiversité végétale exceptionnelle, parfois menacée. Ce subtil équilibre entre agriculture et environnement a modelé ses paysages et sa culture jusqu’à nos jours. Le Limousin n’échappe pas à ce constat et reste aujourd’hui une terre d’élevage, de ‘’prairies’’. Deux chiffres en donnent la mesure : les surfaces toujours en herbe (prairies naturelles et prairies temporaires de plus de six ans) occupent plus de 520 000 ha d’après la statistique agricole nationale de 2019, soit plus de 30 % de la superficie du Limousin.
C’est dans ce contexte que le CBNMC a collaboré avec l’ADAPA (Association pour le Développement d’une Agriculture Plus Autonome) et Geyser pour le projet ‘’Construction de système d’élevage pour davantage de biodiversité dans les milieux herbacés de moyenne montagne’’ déployé grâce au Programme opérationnel interrégional Massif Central FEDER 2014-2020, Massif Central. Ce projet avait pour objectifs généraux de remettre la biodiversité au cœur des pratiques agricoles, de construire des références sur les pratiques agricoles qui favorisent la biodiversité, de valoriser les connaissances empiriques des éleveurs, de contribuer à la connaissance des dynamiques prairiales et de construire des outils d’accompagnement des agriculteurs et des gestionnaires de l’environnement.
Concrètement, ce projet a permis de réaliser les actions ci-dessous.
Réunissant éleveurs et botanistes autour de prairies, et d’autres végétations agropastorales comme les landes, six journées d'échanges ont permis un partage de savoirs. Elles ont notamment permis de poser le rôle de la diversité végétale dans le fonctionnement des prairies. Mais aussi d'identifier les effets de cette biodiversité sur les propriétés agronomiques des prairies, les principales pratiques affectant leurs compositions botaniques et de reconnaitre les végétations patrimoniales qui méritent parfois un ajustement des pratiques agricoles pour leur préservation.
Cinq fermes ont fait l’objet d’une cartographie de leurs végétations. Celles-ci ont permis de mieux connaitre (compositions, répartitions, valeurs agronomiques) les végétations agro-pastorales du Limousin, de préparer et de servir de supports aux journées d’échanges et de repérer des prairies diversifiées qui peuvent servir de sites de récolte de semences. Ces fermes pourront intégrer des projets de plus longue haleine comme l’Observatoire des prairies du Massif central.
Dans la perspective de mieux connaitre l’effet de certaines pratiques sur l’évolution de la flore des prairies, de compléter le dispositif de l’Observatoire des prairies du Massif central et d’y inclure certaines particularités propres au Limousin, 64 placettes de suivi ont été installées en 2022 dans les exploitations volontaires. Ces suivis d'évolution de la végétation permettront également d’impliquer des éleveurs sur des projet de moyen terme liant biodiversité et agriculture et de constituer un réseau de parcelles vitrines permettant l’animation de journées avec d’autres éleveurs.
Destiné à un public d’éleveurs avant tout, cet ouvrage vise à donner des repères pour la construction d’un élevage herbager en Limousin, respectueux de la diversité végétale. Il permet d’apprécier la complémentarité des prairies et les enjeux de biodiversité associés. À travers ce guide, les éleveurs prennent la parole sur leur utilisation des milieux herbacés (landes, pelouses, prairies...). Ils témoignent de leurs pratiques du pâturage tournant, de la conduite de leurs troupeaux et des ajustements que suscite le changement climatique. Aux savoirs des éleveurs, viennent se mêler ceux de botanistes. Dans cette optique, la fin de l’ouvrage donne à lire, à travers une vingtaine de fiches synthétiques, une caractérisation générale des pelouses, landes et prairies naturelles du Limousin.