En tant que propriétaires ou gestionnaires de forêts alluviales, vous avez un rôle clé dans leur préservation. En adoptant ces bonnes pratiques, vous contribuez non seulement à la pérennité des activités sylvicoles, mais aussi à la préservation d'écosystèmes essentiels pour la biodiversité et la qualité de notre environnement. Des conseils spécifiques aux forêts sont également disponibles sur notre page dédiée. Voici ce que vous pouvez faire :
Je me renseigne auprès du Centre régional de la propriété forestière (CRPF), de la Direction départementale des territoires (DDT), ou de l'Office national des forêts (ONF) pour savoir si ma forêt est classée en forêt alluviale, en zone humide, ou si elle abrite des espèces protégées. Je me renseigne sur les zones Natura 2000, les Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) ou d'autres zonages ou classements de protection qui pourraient concerner ma propriété. Et avant d'intervenir dans le cadre de travaux sylvicoles, je m’assure que toutes les autorisations (déclaration de coupe, autorisation de travaux en zone humide, etc.) ont bien été obtenues. Cette connaissance est la première étape pour une gestion adaptée.
Si ma forêt dépasse une certaine surface (généralement 20 ou 25 hectares selon les régions), le PSG est obligatoire. Ce document me permet de planifier ma gestion sur plusieurs années en intégrant les objectifs de préservation de la biodiversité. Même pour les surfaces inférieures, cet outil me permet de tenir compte des sensibilités environnementales et de définir les solutions les plus adaptées à mes objectifs sylvicoles.
Je peux réaliser des coupes sélectives ou jardinatoires plutôt que des coupes rases, quand le peuplement le permet, afin de maintenir un couvert forestier permanent et de limiter l'érosion du sol. Cette technique facilite la régénération naturelle et limite la libération du carbone stocké dans le sol. Je m’assure également à ce que les coupes soient « propres » pour limiter les risques sanitaires sur les arbres restants.
Je laisse une partie de ma forêt en libre évolution lorsque c'est possible et je favorise les essences locales adaptées aux sols humides (frênes, aulnes, saules, peupliers noirs...). Je maintiens un maximum d’arbres morts sur pied ou au sol car ils sont essentiels pour de nombreuses espèces (insectes, oiseaux, champignons) ces arbres contribuent à la séquestration du carbone.
Avant toute intervention, j’étudie attentivement la parcelle et son environnement afin d’identifier les zones humides, les cours d'eau, et les arbres à préserver. J’évite d’intervenir en périodes de fortes pluies ou de crues qui rendent les sols plus fragiles et augmentent le risque de compactage et d'érosion. Je privilégie les périodes de gel ou d'étiage lorsque c'est possible.
J’adapte le matériel utilisé pour minimiser le compactage des sols, particulièrement fragiles en zone alluviale. Je concentre le trafic des engins sur des layons de débardage préétablis, en utilisant, de préférence, des engins légers ou équipés de chenilles pour réduire la pression au sol. Je peux également protéger les sols avec des matelas épais de branches ou des pistes provisoires dans les zones les plus humides.
Je respecte des bandes-tampons non exploitées le long des rivières et ruisseaux et ne permet aux engins de ne traversez les cours d'eau qu'aux endroits désignés et avec des dispositifs temporaires minimisant l'impact. J’évite tous travaux visant à stabiliser artificiellement les berges. Laisser la rivière divaguer naturellement permet le renouvellement de la forêt alluviale, favorise la biodiversité et contribue à la gestion des débits et à la qualité de l’eau. En cas de problème d’érosion, je me rapproche de gestionnaires spécialisés d’espaces naturels.
Ces pratiques altèrent gravement les fonctions hydrologiques des forêts alluviales et leur capacité à filtrer l'eau et à retenir les crues, sans compter leur impact direct sur la biodiversité présente. De nombreuses espèces animales et végétales protégées peuvent être impactées par cette pratique et entrainer de lourdes sanctions. Avant d’intervenir, je prends conseils auprès de gestionnaires d’espaces naturels ou des services de l’État (DREAL, DDT, OFB…) pour trouver des solutions adaptées à ma situation.
J’évite les travaux de terrassement et de mise à nu prolongée du sol qui facilitent la propagation d’espèces exotiques difficiles à gérer (balsamine, renouées, acacia…). J’emploie au maximum les espèces autochtones dans le cas de plantation ou de revégétalisation (l’introduction d’espèces exotiques participe à la prolifération d’agents pathogènes comme ce qui s’est produit autour de la graphiose de l’Orme, la pyrale du Buis ou encore la chalarose du frêne). Si des espèces exotiques envahissantes sont déjà présentes, je me renseigne sur les précautions à prendre et les techniques de gestion (attention, certaines espèces peuvent entraîner de graves atteintes à votre santé en cas de manipulation).
J’échange avec les propriétaires forestiers, les techniciens forestiers et les services de l'État pour une meilleure compréhension des enjeux et une adaptation optimale de mes pratiques sylvicoles. Je me forme à la sylviculture mélangée à couvert continu, l'exploitation à faible impact, ou encore à la reconnaissance des espèces protégées. Les CRPF, l'ONF, les chambres d'agriculture et les associations de propriétaires forestiers proposent des formations et des conseils de gestion. Le CBN peut également apporter une expertise sur la conservation de la biodiversité d’un domaine forestier de grande surface.
Des aides financières peuvent vous permettre de mener des projets de restauration ou de gestion durable des forêts alluviales, notamment auprès des Agences de l'Eau ou dans le cadre de dispositifs régionaux ou nationaux (par exemple, des dispositifs liés à l'agroforesterie ou à la protection des milieux humides).
Je partage ma passion et l'importance de ces forêts avec d’autres propriétaires et entrepreneurs de travaux forestiers, avec mes voisins et les usagers de ma forêt. Je peux également participer aux animations et visites guidées proposées par les associations naturalistes, les collectivités locales pour découvrir d’autres aspects des forêts alluviales afin de mieux en parler par la suite.