Entre 1994 et 2021, plusieurs études ont permis de préciser la répartition de l’Épipactis du castor (Epipactis fibri), orchidée endémique des forêts alluviales rhodaniennes. Paradoxalement, la biologie de l’espèce et la dynamique de ses populations demeurent méconnues. Si la connaissance de cette espèce reste à parfaire, d’autres taxons à enjeux de conservation encore méconnus à l’échelle de la vallée du Rhône tels que la Vigne sauvage ou certains champignons, demandent également à être étudiés au cours des prochaines années.
Si lors sa découverte en 1993, l’Épipactis du Castor a fait l’objet de travaux taxonomiques visant à comprendre sa différenciation avec les autres espèces du même genre, puis a bénéficié de campagnes de prospection afin d’identifier plus finement sa répartition, force est de constater que ses niches écologiques restent encore mal connues. Pour y remédier, le CBN envisage de porter à travers la mise en œuvre du PNA, plusieurs travaux visant à caractériser les conditions stationnelles pédologiques, à étudier les liens avec l’hydrosystème, les préférences climatiques, les relations avec la maturité forestière ou encore la densité du couvert végétal, etc. Ces éléments de connaissance permettront au CBN de mieux cerner les actions de gestion qui seraient bénéfiques à cette orchidée singulière.
En second temps, le CBN envisage de réaliser des bilans stationnels dans la perspective d’actualiser l’état des lieux des populations d’Épipactis du Castor et de recherche de nouvelles populations. Cet inventaire peut désormais s’appuyer sur les nouveaux outils de modélisation entraîné selon les données écologiques collectées sur le terrain. Ces travaux informatiques et statistiques permettront aux équipes de bénéficier de carte de répartition potentielle de l’espèce et de faciliter le ciblage des prospections.
En dernier lieu, les botanistes souhaitent mettre en place des dispositifs permettant de suivre les effectifs durant les prochaines décennies, en particulier sur les espaces bénéficiant d’une maîtrise foncière par les gestionnaires d’espaces naturels.
Si le CBN souhaite investir ses efforts sur l’Épipactis du castor, il espère aussi travailler au bénéfice de certaines espèces de plantes ou de champignons menacés. À cet égard, il souhaite consacrer les prochaines années à la réalisation d’un état des lieux des populations de Vigne sauvage (Vitis vinifera subsp. sylvestris) et confirmer son identité par des analyses génétiques, ainsi que des populations de Nivéole d’été (Leucojum aestivum) et les différentes végétations dans lesquelles elle se trouve.
Sur au moins 5 sites de forêts alluviales représentatifs des différents contextes écologiques présents sur le fleuve, le CBN souhaite enfin mener des inventaires de la fonge. Ces derniers seront réalisés sur au moins 3 années consécutives afin de gommer les aléas climatiques qui peuvent exercer une forte influence sur les pousses.
Dans la perspective d’aider les botanistes à cartographier et repérer les végétations et espèces faisant l’objet du PNA, le CBN Massif central invite le public à lui communiquer toute observation d’éléments bioindicateurs : vignes sauvages, nivéoles et autres plantes bulbeuses, orchidées forestières, bois morts… Basé sur un simple envoi de mail ou de photos, les données collectées permettront au CBN de cibler certains inventaires.