Décrite initialement en 1868 par Jordan & Fourreau; l’Alysson du Rhône (Alyssum rhodanense) est une petite Brassicacée ligneuse proche de ses parents supposés, l’Alysson des montagnes (Alyssum montanum) et l’Alysson des collines (Alyssum gmelinii). Sa distinction avec ces derniers a scientifiquement été prouvée en 2014 sur la base d’études génétiques et de certaines caractéristiques écologiques. Haut de 10 à 30 centimètres de haut environ et couverte de poils étoilés (dotés de 9 à 16 branches), l’Alysson du Rhône présente un aspect vert grisâtre sur fond duquel tranchent ses grappes de petites fleur jaune vif aux pétales émarginés. À maturité, la plante développe des silicules à deux loges sur lesquelles les sépales ne persistent pas après la floraison. Ceux-ci sont courts (< 3.5 mm de long) et les feuilles sont entières et lancéolées (TISON et al. 2014 ; BIANCHIN & BIZARD 2020).
Le CBN Massif central et ses partenaires n’ont dénombré, jusqu’alors, que seulement 10 658 individus répartis sur moins de 6 ha de la Costière rhodanienne sur les collines de Roche Vautour à Andance (Ardèche) et les belvédères de Pierre-Aiguille et des Méjéans, près de Crozes-Hermitage (Drôme). Un enjeu majeur pour la biodiversité locale, alors que ses habitats, situés dans des zones viticoles, sont soumis à de fortes pressions. En effet, l’Alysson du Rhône ne s’observe que parmi les pelouses sèches des sols acides et granitiques des côteaux secs et chauds de la moyenne vallée du Rhône, recolonisant la plupart du temps d’anciennes terrasses de vignobles abandonnés. Cette écologie particulière le distingue de celle de son cousin, l’Alysson des montagnes (Alyssum montanum), préférant les sols calcaires d’altitude.
Dominant le fleuve à moins de 300 m d’altitude, par sa position en corniche, la Costière rhodanienne forme un paysage singulier dont les vignobles aux appellations prestigieuses (Saint-Joseph, Côte-Rôtie, Condrieu…) participent à sa réputation. Mais, outre le vin et l’Alysson du Rhône, cette petite région naturelle répartie le long du Rhône entre Givors et Châteaubourg, concentre une biodiversité tout aussi exceptionnelle.
Caractérisée par des roches plutoniques et métamorphiques très anciennes et par un climat sec et chaud influencé par la proximité du bassin méditerranéen, la Costière rhodanienne présente une mosaïque dense de communautés végétales. Des falaises écorchées aux pelouses pionnières recolonisant d’anciens vignobles, des landes thermophiles aux profonds ravins coiffés de chênaies pubescentes, la végétation abrite de nombreuses espèces d’affinités continentales ou méditerranéennes relativement rares à l’échelle du Massif central.
On y retrouve ainsi quelques espèces singulières ou protégées, comme l’Achillée tomenteuse (Achillea tomentosa), le Micrope dressé (Bombycilaena erecta), la Crassule-mousse (Crassula tillaea), la Gesse à vrilles (Lathyrus cirrhosus), la Linaire des champs (Linaria arvensis), l’Orchis de Provence (Orchis provincialis), le Grand Polycnème (Polycnemum majus), le Réséda de Jacquin (Reseda jacquinii), le Trèfle des bois (Trifolium sylvaticum), la Gagée des rochers (Gagea bohemica), la Pulsatille rouge (Anemone rubra), le Trèfle de Boccone (Trifolium bocconei), la Phélipanche penchée (Phelipanche cernua) ou encore le Trèfle raide (Trifolium strictum).
C’est aussi le royaume du magnifique Guêpier d’Europe (Merops apiaster Linnaeus) ou encore du rare Lézard ocellé (Timon lepidus), fortement menacé au niveau mondial et européen, protégé et faisant l’objet, tout comme l’Alysson du Rhône, d’un plan national d’actions.
Soumise à de très fortes pressions urbaines et agricoles en raison de la proximité de Lyon et Valence, des infrastructures qui desservent la vallée et des cultures fruitières et viticoles qui exigent de grands espaces de production, la Costière rhodanienne est au cœur de nombreux enjeux de biodiversité auxquels le CBN souhaite répondre à travers le plan national d’actions en faveur de l’Alysson du Rhône.