Une biodiversité qui ne tient qu’à un fil

La préservation de l’Alysson du Rhône et de ses habitats constitue un enjeu de biodiversité majeur pour le territoire tandis que le développement viticole et la construction d’infrastructures énergétiques représentent des enjeux forts de développement économique. Entre extension viticole et abandon pastoral, construction d’infrastructures, loisirs de plein air ou prolifération d’espèces exotiques, quelle place donner alors à la biodiversité ? La meilleure réponse semble à rechercher à travers un dialogue approfondi entre les acteurs du territoire !

Pictogramme Raisin La viticulture, clé du problème ?

Avec 18 % de la surface consacrée aux vignobles (dont 14 % en AB), la viticulture joue un rôle prépondérant et détient une responsabilité forte quant à la survie de l’Alysson du Rhône. De nouvelles plantations ont déjà eu lieu sur les dernières populations présentes et d’autres projets sont envisagés au sein des unités de conservation. Si les pratiques viticoles sont attestées ici depuis le 1er siècle après JC et semblent avoir permis l’héritage sinon une cohabitation avec cette biodiversité exceptionnelle, leur développement moderne n’est pas sans conséquence : le recours aux produits phytosanitaires, l’entretien mécanique du sol, l’érosion des sols, le défrichement, la création ou la recalibration de terrasses et voies de desserte sont autant de pratiques nouvelles ayant un impact significatif sur la flore et les végétations locales.

La viticulture, clé du problème ?

L’Alysson pourrait pourtant trouver sa place parmi la flore des inter-rangs ou les bordures de vignobles si ces dernières ne faisaient l’objet d’aucun traitement, tout comme des zones de pelouses trop abruptes pourraient être préservées dans les espaces nouvellement créés afin de permettre à la flore de les reconquérir. Des pistes de cohabitation sont envisageables grâce à une réflexion approfondie quant aux pratiques de culture; le devenir de ce patrimoine tient à sa prise en compte par les organisations professionnelles viticoles. Quel plus bel emblème pour les vignobles du Rhône que cet Alysson aussi unique que leurs vins ?!

Pictogramme Paysage Une artificialisation continue des terres

Avec plus de 10 000 ha d’espaces naturels, agricoles et forestiers consommés entre 2011 et 2021, en Ardèche, Drôme, Isère et Rhône, la Costière rhodanienne voit ses paysages s’artificialiser à un rythme soutenu… Les infrastructures de communication (antennes), de transport (routes départementales, autoroute…) et de production énergétique (gazoduc, panneaux photovoltaïques…) sont principalement celles qui empiètent sur les espaces naturels accueillant l’Alysson du Rhône.

Une artificialisation continue des terres

Leur construction et leur entretien contribuent à la destruction sinon la fragmentation des dernières stations d’Alysson du Rhône. Leur prise en compte à travers les documents d’aménagement (PLU…) et les études d’impact préalables aux travaux est essentielle mais doit également s’élargir aux infrastructures existantes afin que les pratiques d’entretien puissent être adaptées.

Pictogramme Soleil Du soleil oui, mais pas trop !

L’Alysson du Rhône est une plante appréciant les lieux chauds et ensoleillés, et les pelouses plus ou moins écorchées constituent son habitat de prédilection. Or celles-ci se boisent progressivement à la suite de l’abandon de pratiques de pâturage ou de fauche tandis que les sols peu profonds sont sensibles au stress hydrique.

Si ce boisement représentait jusqu’alors une menace, il pourrait finalement protéger la plante des épisodes de canicule induits par le changement climatique: un ombrage léger permettrait à la flore de survivre aux coups de chaud. L’impact du changement climatique et de la recolonisation ligneuse des côteaux sont à suivre de près !

Chavanay carte postale
Du soleil oui, mais pas trop !

Pictogramme Fleurs Alysson contre Ailante, un bras de fer délétère

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) désignent certains animaux ou végétaux dont l’introduction par les humains, volontaire ou fortuite, sur un territoire, occasionne de profonds bouleversements des écosystèmes. Symptôme d’une fragilisation préexistante (dénudation du sol à la suite de travaux, pollution du sol, érosion…), la prolifération de certaines espèces exotiques peut effectivement entraîner la disparition des espèces autochtones par compétition de l’accès à la lumière ou aux ressources, mais aussi par la production de toxines empêchant la reproduction des plantes compagnes.

Sur la Costière rhodanienne, le Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), l’Ailante (Ailanthus altissima), le Séneçon du Cap (Senecio inaequidens), le Figuier d’Inde (Opuntia humifusa) ou encore l’Arbre à papillon ou Buddleia de David (Buddleja davidii) peuvent localement coloniser de vastes surfaces de pelouses sèches où vit l’Alysson du Rhône…

Alysson contre Ailante, un bras de fer délétère

Pictogramme Vélo Des pratiques de loisir à réinventer

Des pratiques de loisir à réinventers

Certaines pratiques de loisir telles que le moto-cross, le VTT, le quad ou encore le trail ou la randonnée peuvent parfois entraîner une mise à nu du sol par effet de sur-fréquentation. Des échanges avec les clubs sportifs et les associations locales conjugués à une information sur les lieux les plus fréquentés permettraient de trouver facilement des solutions…

Pictogramme Plante Des plantes déconnectées ?

Éloignées d’une vingtaine de kilomètres, certaines populations d’Alysson du Rhône pourraient progressivement perdre leur capacité à échanger leurs pollens et graines à cause de la fragmentation de leurs habitats. En effet, la multiplication des zones artificialisées ou intensivement cultivées mènerait à un isolement génétique pouvant condamner l’espèce à l’extinction. Cette perte de connectivité constitue un enjeu fort.

Des plantes déconnectées ?

Conclusion

Répondre à ces enjeux et menaces constitue un beau défi à travers lequel chaque acteur du territoire peut participer. Le plan national d’actions porté par le CBN vise justement à faciliter la prise en compte des enjeux de biodiversité à travers toutes les activités recensées sur la Costière rhodanienne. Découvrez les actions mises en œuvre dans ce cadre et rejoignez le CBN dans ce bel élan collectif en faveur de la biodiversité !