Vous aussi, agissez en faveur de la préservation des messicoles

Que l'on soit exploitant agricole ou membre d'une coopérative agricole, consommateur de produits céréaliers ou représentant d'une collectivité, chacun peut agir pour préserver les messicoles. Cette page vous propose quelques pistes d'actions pour y contribuer !
Vous aussi, agissez en faveur de la préservation des messicoles

Petit guide d'action à l'usage des agriculteurs et des coopératives agricoles

En raison du lien étroit existant entre les cultures et les messicoles, les agriculteurs ont un rôle important à jouer dans la préservation de ces dernières. Sans les champs cultivés, la plupart des messicoles perdent leur unique habitat, du moins, à l'échelle régionale. Certaines pratiques agronomiques sont favorables aux populations de messicoles, qu'elles aient lieu sur l'ensemble de la parcelle ou bien seulement sur des bandes en périphérie de la parcelle (de 3 à 5 m de largeur)...

J'adapte l'intensité du travail du sol

Un labour annuel automnal élimine les espèces vivaces tout en favorisant les messicoles. Un travail du sol trop intensif (trop fréquent et/ou trop profond) est défavorable aux messicoles. Un simple décompactage, remplaçant le labour, leur est propice. Les outils à dents travaillant à faible profondeur sans retourner le sol (type herses) sont plus indiqués que les outils rotatifs à axe horizontal et les outils à disques.

Je privilégie les cultures semées avant l'hiver

Les messicoles sont davantage présentes dans les céréales semées avant l'hiver (blé dur, orge, avoine, petit épeautre, triticale) car elles germent après l'installation de la culture. À l'inverse, le semis direct et le faux-semis sont défavorables aux messicoles. En effet, le premier privilégie les espèces vivaces au détriment des annuelles du fait de l'absence de travail du sol et le second détruit directement les pousses de messicoles lors du désherbage.

Je participe à la conservation de variétés céréalières anciennes et rustiques

L'emploi de variétés anciennes ou rustiques peut favoriser le développement des messicoles et s'avèrent adaptées à un itinéraire technique où les intrants et traitements sont limités. Lorsque les semences sont réutilisées sur l'exploitation (semences fermières), l'absence de tri ou la mise en œuvre d'un tri partiel permet de ne pas éliminer les graines de messicoles.

Je réduis mes besoins en eau

Des parcelles non irriguées favorisent les messicoles, dans la mesure où ces plantes sont souvent particulièrement bien adaptées à la sècheresse. En outre, limiter l'arrosage s'avère particulièrement précieux au regard des impacts en cours et à venir du dérèglement climatique.

Je limite la fertilisation minérale

Les messicoles les plus rares sont adaptées aux sols pauvres. Elles ne tolèrent que très difficilement toute fertilisation et sont alors favorisées lorsque les fertilisations systématiques au tallage sont évitées ou réalisées seulement en cas de carence, au moment de la reprise réelle de la végétation. Le fumier non composté est davantage supporté par les messicoles.

Je réduis au maximum l'emploi de pesticides

L'absence voire l'emploi très occasionnel et raisonné d'herbicides permet le maintien de messicoles. De même, l'absence (ou l'utilisation très exceptionnelle) d'insecticides favorisera la présence d'insectes assurant la pollinisation de ces plantes. D'une manière globale, la réduction de l'usage des pesticides est bénéfique tant pour la biodiversité que pour la santé des exploitants comme des riverains.

Je prends en compte cette biodiversité dans mon planning de récolte / déchaumage

Les messicoles peuvent être maintenues d'une année à l'autre si les récoltes sont effectuées après la libération des semences matures des messicoles (en début d'été principalement). Un déchaumage plus tardif (non directement après la moisson) permet aux espèces de finir leur cycle et la libération des graines mâtures. Les rotations courtes (3 à 4 ans) favorisent les messicoles car la durée de vie dans le sol de leurs semences est souvent assez réduite. L'installation de jachères dans les rotations est également favorable. Une année en légumineuses améliore la fertilité naturelle du sol : pois d'hiver, fèverole, fève ou lentille semés à l'automne, ou pois de printemps, pois chiche ou lupin blanc semés en fin d'hiver. Néanmoins, la culture de luzerne, de sainfoin, de vesce ou de trèfle, sur plusieurs années consécutives, entraîne la régression des messicoles car ces plantes enrichissent le sol en azote !

Je me forme et j'échange avec mes collègues

Les messicoles constituent un enjeu de préservation de la biodiversité important en production céréalière. Nombreux sont les exploitants soucieux d'agir en tenant compte de ce patrimoine. En échangeant avec eux, en visitant leur exploitation, je peux bénéficier de leurs expériences et contribuer moi aussi à tester certaines pratiques. Je peux me renseigner auprès des Chambres d'agriculture, des CIVAM, des organismes de formation ou encore auprès des Conservatoires botaniques nationaux ou des Conservatoires d'espaces naturels.

Je contractualise une Mesure agroenvironnementale et climatique (MAEC)

En lien avec les Parcs naturels régionaux, les Conservatoires botaniques nationaux et le Ministère de l'Agriculture, certains territoires proposent des MAEC adaptées aux enjeux de préservation des messicoles. Ces mesures permettent d'encourager financièrement les exploitants engageant des pratiques favorables seulement en cas de présence réelle de messicoles. En Auvergne-Rhône-Alpes, ces mesures sont liées à l'installation d'un couvert d'intérêt floristique et faunistique (CIFF). En Occitanie, un concours des « moissons fleuries » récompense les producteurs engagés dans la préservation des messicoles.
Vous aussi, agissez en faveur de la préservation des messicoles

Vous consommez des produits céréaliers ? Alors encouragez les producteurs agissant en faveur des messicoles !

À l'heure actuelle, il n'existe pas de labels permettant de renseigner le consommateur sur les productions alimentaires favorisant la préservation des espèces messicoles. Cependant, certaines productions participent à une meilleure prise en compte de celles-ci.

Je privilégie les produits cultivés sans pesticides

Consommer des céréales cultivées sans l'emploi d'herbicides participe à la préservation des sols, des nappes phréatiques mais aussi des plantes messicoles. Je privilégie à cet égard, les labels garantissant un haut niveau d'exigence écologique (AB, Ecolabel européen, Bio cohérence...) sinon la réduction de pesticides (HVE...).

Je privilégie les productions locales

Aujourd'hui, les produits faisant l'objet d'Appellation d'Origine Contrôlée (AOC) et d'Appellation d'Origine Protégée (AOP) n'indiquent pas obligatoirement un respect maximal de la biodiversité même si cette préoccupation grandit au sein des organismes attributaires. Ils certifient seulement de méthodes de production liées à un savoir-faire spécifique et d'un territoire délimité. Dans les cahiers des charges, les critères de respect de l'environnement sont très variables selon le produit : certains se montrent soucieux de l'environnement, d'autres catastrophiques. Pour autant, certains cahiers des charges sont amenés à évoluer à court terme au regard de la demande sociétale d'un environnement davantage préservé, mais aussi de la volonté des agriculteurs soucieux d'améliorer la durabilité de leurs systèmes de production. En outre, ces labels privilégient souvent des ressources agricoles locales, adaptées au territoire.
Enfin, acheter des produits céréaliers auprès de producteurs locaux (paysans boulanger par exemple) permet de dialoguer avec celui-ci sur ses pratiques (voir ci-après) et de l'intéresser à la conservation des messicoles.

Je sensibilise mon boulanger

D'où provient la farine utilisée par mon boulanger ? Comme est-elle produite ? Participe-t-elle à la préservation de la biodiversité ? Est-il disposé à proposer le choix entre plusieurs pains et farines favorisant une agriculture écologique ? Autant de questions pour échanger avec son boulanger sur ses choix économiques mais aussi écologiques ! Et si chacun faisait l'effort de payer son pain quelques centimes de plus pour un bénéfice environnemental largement supérieur ?!

Je mets les mains à la pâte

De l'eau, du sel, de la farine, du levain ou de la levure et un peu de patience ; faire son pain n'est pas très compliqué... mais permet surtout de choisir sa farine, et par conséquent d'encourager les productions vertueuses.

Je fleuris les abords de mon domicile

Vous possédez un jardin, un pied de mur, un potager, un massif de fleur ? Alors pourquoi ne pas y accueillir quelques messicoles de votre choix ? Procurez-vous des semences adaptées à votre territoire, et d'origine locale garantie (marque « Végétal local »). Eviter les cultivars horticoles moins propices à l'accueil de l'entomofaune, voire contre-productifs .Ou sollicitez votre commune pour engager une action collective dans cette perspective !
Vous aussi, agissez en faveur de la préservation des messicoles

Guide d'actions à l'usage des pouvoirs publics

Si la préservation de la biodiversité est l'affaire de tous, le rôle des collectivités territoriales est crucial à cet égard : encourager les initiatives locales, montrer l'exemple, agir en collectif, règlementer certaines activités... nombreux sont les leviers à leur disposition !

Je contribue à une meilleure connaissance des messicoles sur mon territoire

Je sollicite les organismes et associations de préservation de la nature afin de collecter les données existantes, les enrichir et mieux cerner les enjeux. Je peux engager un Atlas de la biodiversité, un inventaire participatif, consulter les portails d'information sur la biodiversité ou encore solliciter les services administratifs (DREAL, OFB, CBN, DDT...).

J'encourage l'alimentation durable sur mon territoire

La préservation de la biodiversité ne demande parfois qu'un petit coup de pouce pour qu'elle soit réellement efficace et bien prise en compte. Réfléchir à l'alimentation durable à travers les « Plans alimentaires territoriaux » permet de coordonner les producteurs, les acheteurs et les consommateurs autour d'objectifs communs dont la préservation de la biodiversité. Construire une filière durable d'approvisionnement en produits de boulange associant exploitants, naturalistes, coopératives, artisans, centrales d'achats (dont cantines publiques) constituerait un bel objectif en faveur des messicoles et de l'économie locale !

J'implante des messicoles dans les espaces verts

L'utilisation des messicoles dans le fleurissement d'espaces verts communaux à un double intérêt : favoriser l'utilisation d'espèces locales et sensibiliser les citoyens à la thématique des messicoles. De nombreuses collectivités (Grenoble, Lyon...) mènent déjà des actions d'implantations de messicoles associées à des sessions de sensibilisation des habitants. Cette démarche peut être élargie à un espace plus vaste en lien avec la politique sur les trames vertes et bleues : il s'agit alors de réfléchir comment favoriser la migration des espèces et les échanges génétiques en implantant ou en restaurant des espaces de connexions reliant des milieux jusqu'alors isolés. Si l'on se préoccupe spontanément des milieux aquatiques et boisés, la réflexion peut être également portée sur les espaces agricoles porteurs d'une biodiversité particulière (moissons, prairies, friches...) : comment une plante messicole peut-elle passer d'un champ à l'autre ?

Je tiens compte des messicoles dans le cadre des procédures administratives liées à la création d'infrastructure routière, de bâtiments résidentiels, ou encore de zones d'activités, artisanales ou industrielles.

Intégrer l'enjeu « messicoles » et plus largement celles des systèmes agricoles extensifs dans les documents d'urbanisme permet d'éviter certaines destructions par méconnaissance. Ce patrimoine floristique est généralement indiqué à travers les zonages à vocation environnementale dont le croisement avec les PLU, SCOT, carte communale est vivement conseillé.

Je soutiens les pratiques et les filières agricoles favorables aux services écosystémiques rendus par les messicoles.

Par exemples, je peux soutenir le revenu des agriculteurs engagés dans la transition agroécologique par le déploiement de MAEC favorables aux messicoles sur mon territoire ou en expérimentant les dispositifs de paiements pour services environnementaux. A plus long terme, je peux participer aux révisions de la PAC pour faire que celle-ci prenne mieux en compte les enjeux de biodiversité.

J'informe mes administrés

Je sensibilise les scolaires et les habitants du territoire aux plantes messicoles, en organisant des sorties de découverte, en publiant des articles dans mes supports de communication, en proposant des évènements autour de cette thématique (fête du pain, comice agricole...). Je peux également solliciter à cet égard les lycées agricoles.