Forêt de Tronçais - E. BOITIER / DREAL Auvergne Rhone-Alpes

Les bryophytes de l'Allier

État de connaissances

Aucun travail d'atlas général des bryophytes n'a été mené à l'échelle du département de l'Allier. Toutefois, le Conservatoire botanique a réalisé ces dernières années quelques études ciblées en Forêt de Tronçais et des Colettes, et sur quelques forêts alluviales du Val d’Allier. Enfin, un travail d’inventaire ciblé sur les bryophytes épiphytes a concerné quelques secteurs de ce département.

11589
informations floristiques
Relevés floristiques
Origine des informations et observations capitalisées
1210données d'origine bibliographique
9données originaires d’herbiers
10370données d'inventaires et diverses données de terrain
8906données collectées par le personnel du CBN
2683données issues des travaux hors CBN
Temporalité des données
348 données historiques
2919 données anciennes
8322 données récentes
Diversité et éléments patrimoniaux de l'Allier
Diversité taxonomique

Si le nombre total de bryophytes connues sur le département s’élève à près de 400 espèces, il reste à nuancer. En effet, un certain nombre de ces données sont soit très anciennes et non revues, soit douteuses. La bryoflore de ce territoire demeure globalement méconnue. Toutefois, deux régions naturelles font exception : les Forêt et bocage Bourbonnais avec près de 300 taxons inventoriés et un nombre de données récentes assez conséquentes, ainsi que le Val d’Allier assez bien connu grâce à l’étude récente des forêts alluviales de l’Allier. La Montagne bourbonnaise possède un assez grand nombre de données bibliographiques, illustrant la richesse spécifique de cette région qui augmente avec l’altitude.
La diversité bryologique actuellement connue de ce département doit beaucoup aux espèces forestières. Les espèces saxicoles des substrats rocheux ou du patrimoine bâti ancien, ainsi que les espèces des tourbière, étangs et vases exondées contribuent également à la richesse bryologique du département.

d'informations sur Biodiv'AURA
386 taxons
dont
384 indigènes connus
2 exogènes
Taxons menacés
Liste rouge nationale Liste rouge régionale
EW
- 0
RE
- 0
CR
- 27
EN
- 28
VU
- 32
NT
- 29
Près d’un tiers des espèces connues sur ce département sont menacée (près de 120 espèces), ce qui correspond aux proportions habituelles observées à l’échelle régionale. Cette proportion peut paraitre assez importante, mais est liée à l’extrême sensibilité des bryophytes aux modifications de leurs milieux. Plusieurs habitats clés hébergent ces espèces remarquables. Les forêts recèlent un assez grand nombre d’espèces remarquables : sur les troncs (Dicranum viride, Neckera pumila, Orthotrichum tenellum ou Pylaisia polyantha), au sol (Buxbaumia aphylla, Fossombronia ssp.) et sur le bois mort en décomposition (Buxbaumia viridis), ou dans des zones plus humides (Pallavicinia lyellii).
Les tourbières de la Montagne bourbonnaise hébergent de nombreuses espèces de sphaignes, ainsi que des hépatiques spécifiques comme Mylia anomala ou Odontoschisma sphagni. Les étangs sont parfois colonisés par des espèces aquatiques comme Riccia fluitans ou Ricciocarpos natans, ainsi qu’un cortège spécialisé des berges vaseuses exondées (Physcomitrella patens, Riccia cavernosa, …). Les rochers ou les anciens murs cimentés peuvent héberger des espèces thermophiles comme Grimmia crinita, G.orbicularis, Targionia hypophylla ou Crossidium squamiferum. Toutefois, il est probable que des prospections ciblées sur des habitats spécifiques (anciennes carrières, pelouses sèches, vallons rocheux boisés, …) permettraient certainement de trouver de nouvelles espèces remarquables.
Enjeux de conservation dans l'Allier
Taxons à enjeux de conservation
En ce qui concerne les enjeux de conservation, Dicranum viride est une espèce emblématique des grands massifs forestiers de l’Allier puisque ce département héberge une très grande majorité des populations de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. L’intensification des pratiques sylvicoles de ces dernières années menace cette espèce et l’ensemble des autres espèces forestières remarquables. Les différentes espèces menacées des étangs et de leurs berges, nécessitent également une meilleure connaissance et prise en compte dans leur gestion. La bryoflore remarquable des tourbières et autres zones humides est également menacée par la dégradation de l’état hydrologique de ces systèmes fragiles. Enfin les bryophytes spécialisées et rares des habitats rocheux et des murs du patrimoine bâti ancien nécessiteraient un inventaire pour une meilleure prise en compte dans les différents projets de travaux et notamment de réfection.
Buxbaumia viridis (Moug. ex Lam. & DC.) Brid. ex Moug. & Nestl. - L. Olivier / CBN Massif central
Taxons indigènes protégés
- 3 taxons indigènes protégés inscrits à la DH
- 3 taxons indigènes protégés au niveau national
- 0 taxon indigène protégé au niveau régional
Trois espèces de bryophytes protégées ont été recensées dans le département de l’Allier. Toutefois Hamatocaulis vernicosus, mousse liée aux zones humides para-tourbeuses est considérée comme disparue. En effet, comme dans de nombreuses localités anciennes du Limousin, cette espèce a été fortement impactée par le drainage et l’enrichissement trophique des zones humides en lien avec l’intensification des pratiques agricoles et d’élevage. Dicranum viride est une espèce des massifs forestiers anciens. Elle colonise la base des troncs de gros hêtres en particulier dans les grandes forêts du Bourbonnais. Toutefois ses populations sont dispersées et montrent de faibles effectifs. La troisième espèce protégée inventoriée sur le département est Buxbaumia viridis que l’on peu observer sur les bois morts en décomposition, plutôt en altitude.
Dicranum viride (Sull. & Lesq.) Lindb. - J. Celle / CBN Massif central
Taxons exotiques
Dans l'Allier, il y a 2 espèces exotiques.
Les deux espèces invasives actuellement répertoriées en Auvergne-Rhône-Alpes sont connues sur le territoire. Il s’agit de Campylopus introflexus et d'Orthodontium lineare. Leur répartition est certainement fortement sous-estimée, notamment pour Campylopus introflexus. Cette dernière doit faire l'objet d'une surveillance attentive, car elle est génère un impact important sur les bryophytes et trachéophytes pionnières et autochtones.
Campylopus introflexus (Hedw.) Brid. - M. Lüth
Actions de conservation
En forêt, une orientation des pratiques vers une sylviculture plus respectueuse de la biodiversité et des dynamiques naturelles (maintien de vieux arbres et de bois mort, limitation des coupes à blanc...) favoriserait probablement la diversité de la bryoflore et un grand nombre d'espèces menacées. Dans les étangs et autres zones humides, seules la limitation des intrants dans le bassin versant et le maintien de niveaux d'eau suffisants (absence de drainage) pourraient assurer le maintien des cortèges de bryophytes pionnières et oligotrophes. La préservation des pelouses et des landes assurerait également la présence d'habitats de prédilection pour un certain nombre de bryophytes spécifiques. Une sensibilisation à la connaissance et à la préservation de la bryoflore du vieux patrimoine bâti, très riche dans l'Allier, pourrait être menée (châteaux, pigeonniers, murs en pisé, églises et cimetières).
Suivi d'espèces