L. OLIVIER / CBNMC

Les végétations de la Haute-Loire

État des connaissances

Avec un peu moins de 7200 relevés, le département de la Haute-Loire appartient aux territoires du Massif central (et notamment d’Auvergne) relativement bien prospectés. Les données recueillies sont inégalement réparties puisque le Devès concentre de loin le plus grand nombre de relevés, suivi ensuite par le Mézenc et la vallée et les gorges du Haut-Allier. Les relevés proviennent en grande partie de travaux, la plupart récents, du CBN Massif central (66%). Les données plus anciennes (18%) sont issues de quelques travaux de divers contributeurs, notamment BILLY F. (1997, 2000, 2002), FRAIN M. (1981, 1991), SOUCHON C. (1965) ou encore LUQUET A. (1937). Le CBN Massif central participe activement à l’amélioration des connaissances à travers sa stratégie d’inventaire et de cartographie (sites Natura 2000, ENS, réserves, etc.). Il réalise actuellement un important travail de synthèse via l’analyse de la totalité des relevés et la constitution d’un référentiel sur l’ensemble de son territoire, qui permettra de comprendre la répartition des végétations sur les différentes petites régions naturelles. Pour se montrer plus pertinent, ce travail doit s’accompagner d’un effort de prospection sur les secteurs les moins étudiés.

Pour en savoir plus, n'hésitez pas à consulter l'inventaire des projets du CBNMC à ce sujet
Inventaire des projets

6426 relevés phytosociologiques
& 760 relevés bryosociologiques
362.89 km² cartographiés
recycling-paper
Suivi de végétations et d'habitats
Origine des informations et observations capitalisées
530données d'origine bibliographique
6656données d'inventaires et diverses données de terrain
4752données collectées par le personnel du CBN
2434données issues des travaux hors CBN
1059données analysées
5367données à analyser
Temporalité des données
511 données historiques
792 données anciennes
5883 données récentes

Diversité et éléments patrimoniaux de la Haute-Loire

Le CBN Massif central participe activement à l'amélioration des connaissances à travers sa stratégie d'inventaire et de cartographie (sites Natura 2000, ENS, réserves, etc.). Il réalise actuellement un important travail de synthèse via l’analyse de la totalité des relevés et la constitution d’un référentiel sur l'ensemble de son territoire, qui permettra de comprendre la répartition des végétations sur les différentes petites régions naturelles.

Végétations agropastorales
Les paysages du département de la Haute-Loire sont fortement marqués par les activités agricoles et pastorales. Ces activités constituent un marqueur identitaire fort pour le département et ce depuis plusieurs siècles. Néanmoins, et à l’image du reste du territoire national, l’activité agropastorale a subi un grand changement à partir des années 1950 : le nombre d’exploitation diminue (passant de plus de 25 000 en 1955 à 5 100 en 2010), les traditionnelles petites parcelles, vouées au seigle et juxtaposées au parcours à ovin se transforment via notamment la mécanisation des outils et s’agrandissent avec la réunification de parcelles et la suppression des haies. La filière bovine, jusqu’ici secondaire, passe au premier plan. La production laitière bovine constitue dès lors la production principale du département. Les cultures céréalières se concentrent en plus basse altitude, à l’image du bassin du Puy-en-Velay et surtout des Limagnes du Brivadois qui constituent par conséquent les secteurs les plus intéressants pour la flore messicole. Le département compte plusieurs productions avec signe officiel de qualité : l’AOP Lentille verte du Puy sur le massif du Devès et le bassin du Puy-en-Velay ; l’AOP Fin Gras du Mézenc sur le massif du Mézenc. L'importante diversité des facteurs à la fois climatiques, topographiques, géologiques et pédologiques, a permis l'expression de nombreux types de prairies et de pelouses. L’étage collinéen se caractérise dans son ensemble par un assemblage de prairies permanentes, fauchées et/ou pâturées, et de cultures pouvant être en rotation avec des prairies temporaires. A l’étage montagnard, les milieux herbacés sont gérés de manière plus extensive et peuvent s’organiser avec une mosaïque de landes, de pelouses et de prairies fauchées ou pâturées. Les zones humides sont également plus présentes et peuvent, à l’image de la Margeride, constituer un maillage dense de zones de sources, de prairies humides et de tourbières. Outre la déprise agricole, la conversion en surfaces boisées pour la filière bois et l’artificialisation des sols, les habitats agropastoraux subissent d’autres menaces. Comme dans de nombreux départements du Massif central, l'intensification des pratiques de pâturage (pâturage au fil), la précocité de la fauche via l’ensilage, le drainage des zones humides, l'augmentation des niveaux de fertilité des prairies par utilisation des engrais minéraux ont conduit à un appauvrissement progressif des cortèges floristiques des végétations agropastorales, dont la conservation devient un enjeu majeur pour le département. Hérités d’une tradition du Moyen-âge, les biens de sections, dont la jouissance revient aux habitants d'une section de commune, peuvent être perçus comme des zones refuges pour ces végétations, face aux différentes menaces cités précédemment.
Végétations forestières
Une forêt ancienne est définie comme ayant été continuellement boisée depuis au moins 200 ans, quels que soient l’âge des peuplements qui la composent, leur composition ou la gestion qui a été pratiquée. L’ancienneté amène ces forêts à être des hauts-lieux de biodiversité en abritant des espèces rarement présentes ailleurs. Le département de la Haute-Loire se caractérise par une proportion non négligeable de forêts présumées anciennes : 32%, réparties de manière assez homogène, bien que ce soient les Limagnes du Brivadois qui présentent le taux le plus faible, au contraire de la vallée et des gorges de la Haute-Loire qui affichent le taux le plus important. La Margeride, le Devès, le Meygal, le plateau du Forez et ceux du Velay présente un taux de forêts présumées anciennes légèrement supérieures à la moyenne départementale. Néanmoins, les forêts anciennes ne sont jamais majoritaires à l’échelle d’une région naturelle sur le département de la Haute-Loire. D’une manière générale, les forêts altiligériennes, qu’elles soient récentes ou présumées anciennes, sont marquées par l’abondance des conifères en peuplements purs ou parfois mélangés avec les feuillus. L’importance du Pin sylvestre est une des particularités des forêts altiligériennes (notamment dans la vallée et les gorges de la Haute-Loire, le plateau du Forez et le Devès). Bien que cette essence pionnière ne devrait pas naturellement dominer les peuplements, le Pin y a été favorisé par l’Homme au détriment du hêtre ou du chêne, de manière parfois très ancienne. Plus en altitude, c’est davantage le Sapin blanc, également autochtone, qui marque le paysage. Les feuillus sont également présents, notamment avec des chênes dans le nord-ouest du département, mélangé à d’autres essences feuillues ou résineuses sur les plateaux du Velay, les gorges de la Loire et de l’Allier. Les hêtraies pures sont moins fréquentes, et se rencontrent surtout en Margeride. Beaucoup de peuplements portent la marque des usages anciens : les coupes de taillis répétées ont favorisé le hêtre pour produire du bois combustible, tandis que le Sapin a pu être sélectionné pour produire du bois d’œuvre. Néanmoins, dans les gorges escarpées de la Loire et de l’Allier ou sur les sucs du Meygal, certaines forêts évoluent sans intervention humaine, au moins depuis le milieu du siècle dernier. Ces secteurs, difficile d’accès pour les engins modernes, n’ont ainsi pas connu de coupe, au bénéfice des nombreuses espèces liées aux vieux arbres et au bois mort. La plupart des forêts récentes sont constituées de peuplements mélangés, de recolonisation spontanée. Ce mélange est favorable à la biodiversité, et à l’adaptation au changement climatique. Souvent, ces forêts récentes spontanées ont permis de retisser une trame forestière continue, reconnectant des massifs anciens jusqu’alors isolés, par exemple dans les secteurs de gorges. Dans les secteurs où les forêts avaient quasiment disparu, notamment dans les Limagnes du Brivadois au niveau de l’Allier, les forêts récentes ont permis de reconstituer des milieux disparus telles les forêts à bois dur des vallées alluviales, habitat remarquable, l’un des plus rares et menacé en France et en Europe. S’ils ont pu être plantés ou semés par endroits, le Pin sylvestre et le Sapin blanc sont autochtones. Localement, les plantations de conifères exotiques peuvent prendre une place plus importante : l’Epicéa représente ainsi 25% des forêts récentes du Mézenc ou jusqu’à 15% dans le Devès (plantations réalisées durant la seconde moitié du XIXe siècle par le service de restauration des terrains en montagne). D’usage plus récent, le Douglas a été moins utilisé, et ne couvre qu’environ 5% des forêts récentes (exemple dans les pays coupés du Livradois, les contreforts de la Margeride ou les plateaux du Velay). Depuis 150 ans, la surface forestière a augmenté en Haute-Loire, comme dans le reste de la France. Le taux de boisement départemental est passé de 16% à 39%. Néanmoins, cette augmentation globale de la surface forestière cache un défrichement important : 14% des forêts potentiellement anciennes, auraient disparues. Au cours des deux derniers siècles, l’augmentation de la surface forestière n’a compensé que partiellement ces forêts perdues. En effet, une partie de la biodiversité forestière, liée à l’ancienneté, met des siècles voire des millénaires à recoloniser de nouvelles forêts. Ce sont le Bassin du Puy-en-Velay et les Limagnes du Brivadois, déjà très peu boisés à l’époque, qui ont été le plus touchés par le défrichement. Près d’un tiers des forêts connues à l’époque y auraient été défrichées depuis. Les secteurs d’altitude ne sont pas non plus épargnés. Environ un quart des forêts de l’époque, de Hêtre, Pin sylvestre ou Sapin pectiné ont été déboisées, en bonne partie pour les besoins de l’agriculture. Outre l’ancienneté, il est maintenant nécessaire d’étudier chez ces forêts anciennes leur maturité, qualité fonctionnelle se traduisant par l’avancement du développement biologique des arbres qui dominent.
Les projets du Conservatoire botanique national du Massif central sont réalisés grâce à l'aide de ses partenaires
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