Végétations forestières
Une forêt ancienne est définie comme ayant été continuellement boisée depuis au moins 200 ans, quels que soient l’âge des peuplements qui la composent, leur composition ou la gestion qui a été pratiquée. L’ancienneté amène ces forêts à être des hauts-lieux de biodiversité en abritant des espèces rarement présentes ailleurs. Le département de la Haute-Loire se caractérise par une proportion non négligeable de forêts présumées anciennes : 32%, réparties de manière assez homogène, bien que ce soient les Limagnes du Brivadois qui présentent le taux le plus faible, au contraire de la vallée et des gorges de la Haute-Loire qui affichent le taux le plus important. La Margeride, le Devès, le Meygal, le plateau du Forez et ceux du Velay présente un taux de forêts présumées anciennes légèrement supérieures à la moyenne départementale. Néanmoins, les forêts anciennes ne sont jamais majoritaires à l’échelle d’une région naturelle sur le département de la Haute-Loire. D’une manière générale, les forêts altiligériennes, qu’elles soient récentes ou présumées anciennes, sont marquées par l’abondance des conifères en peuplements purs ou parfois mélangés avec les feuillus. L’importance du Pin sylvestre est une des particularités des forêts altiligériennes (notamment dans la vallée et les gorges de la Haute-Loire, le plateau du Forez et le Devès). Bien que cette essence pionnière ne devrait pas naturellement dominer les peuplements, le Pin y a été favorisé par l’Homme au détriment du hêtre ou du chêne, de manière parfois très ancienne. Plus en altitude, c’est davantage le Sapin blanc, également autochtone, qui marque le paysage. Les feuillus sont également présents, notamment avec des chênes dans le nord-ouest du département, mélangé à d’autres essences feuillues ou résineuses sur les plateaux du Velay, les gorges de la Loire et de l’Allier. Les hêtraies pures sont moins fréquentes, et se rencontrent surtout en Margeride. Beaucoup de peuplements portent la marque des usages anciens : les coupes de taillis répétées ont favorisé le hêtre pour produire du bois combustible, tandis que le Sapin a pu être sélectionné pour produire du bois d’œuvre. Néanmoins, dans les gorges escarpées de la Loire et de l’Allier ou sur les sucs du Meygal, certaines forêts évoluent sans intervention humaine, au moins depuis le milieu du siècle dernier. Ces secteurs, difficile d’accès pour les engins modernes, n’ont ainsi pas connu de coupe, au bénéfice des nombreuses espèces liées aux vieux arbres et au bois mort. La plupart des forêts récentes sont constituées de peuplements mélangés, de recolonisation spontanée. Ce mélange est favorable à la biodiversité, et à l’adaptation au changement climatique. Souvent, ces forêts récentes spontanées ont permis de retisser une trame forestière continue, reconnectant des massifs anciens jusqu’alors isolés, par exemple dans les secteurs de gorges. Dans les secteurs où les forêts avaient quasiment disparu, notamment dans les Limagnes du Brivadois au niveau de l’Allier, les forêts récentes ont permis de reconstituer des milieux disparus telles les forêts à bois dur des vallées alluviales, habitat remarquable, l’un des plus rares et menacé en France et en Europe. S’ils ont pu être plantés ou semés par endroits, le Pin sylvestre et le Sapin blanc sont autochtones. Localement, les plantations de conifères exotiques peuvent prendre une place plus importante : l’Epicéa représente ainsi 25% des forêts récentes du Mézenc ou jusqu’à 15% dans le Devès (plantations réalisées durant la seconde moitié du XIXe siècle par le service de restauration des terrains en montagne). D’usage plus récent, le Douglas a été moins utilisé, et ne couvre qu’environ 5% des forêts récentes (exemple dans les pays coupés du Livradois, les contreforts de la Margeride ou les plateaux du Velay). Depuis 150 ans, la surface forestière a augmenté en Haute-Loire, comme dans le reste de la France. Le taux de boisement départemental est passé de 16% à 39%. Néanmoins, cette augmentation globale de la surface forestière cache un défrichement important : 14% des forêts potentiellement anciennes, auraient disparues. Au cours des deux derniers siècles, l’augmentation de la surface forestière n’a compensé que partiellement ces forêts perdues. En effet, une partie de la biodiversité forestière, liée à l’ancienneté, met des siècles voire des millénaires à recoloniser de nouvelles forêts. Ce sont le Bassin du Puy-en-Velay et les Limagnes du Brivadois, déjà très peu boisés à l’époque, qui ont été le plus touchés par le défrichement. Près d’un tiers des forêts connues à l’époque y auraient été défrichées depuis. Les secteurs d’altitude ne sont pas non plus épargnés. Environ un quart des forêts de l’époque, de Hêtre, Pin sylvestre ou Sapin pectiné ont été déboisées, en bonne partie pour les besoins de l’agriculture. Outre l’ancienneté, il est maintenant nécessaire d’étudier chez ces forêts anciennes leur maturité, qualité fonctionnelle se traduisant par l’avancement du développement biologique des arbres qui dominent.